Depuis décembre 2010, l’encours de crédits bancaires à court terme a été multiplié par 3,7x pour atteindre 55 049,791 MTND fin mars 2025. Ce chiffre est, tout simplement, énorme pour une économie comme la nôtre. Cette hausse vertigineuse est enregistrée alors que tout au long de cette période, le PIB n’a pas connu de hausse particulière. Les taux d’intérêt étaient généralement sur une tendance haussière également, alternant des cycles de politiques monétaires restrictives et un dinar qui oscille, avec une chute en 2017.
Au début de la révolution, l’accélération est due aux charges exceptionnelles engagées par les entreprises pour couvrir les charges de la vague d’intégration du personnel et couvrir des frais opératoires plus élevés. Durant cette période, la majorité croyait en une reprise rapide de la croissance, ce qui poussait les managers à s’endetter davantage. Mais avec le déclenchement d’un cycle inflationniste et la stagnation de l’économie, les crédits se sont transformés en une charge lourde. Non seulement le coût a augmenté, mais une bonne partie ne servait réellement qu’à couvrir les frais des anciens prêts arrivés à maturité. Ce cycle infernal continue jusqu’à aujourd’hui, avec une pause lors de la crise sanitaire.
L’impact est clair si nous regardons les chiffres des crédits à moyen et long terme qui n’ont évolué que de 2,18x sur la même période et avec un encours de 35 255,453 MTND seulement. La seule observation de cette structure explique tout: les charges financières consomment l’essentiel des résultats d’exploitation des entreprises. Elles n’investissent plus et ne recrutent plus. Maintenant, avec un coût d’emploi plus important, des charges opérationnelles qui montent et la pression fiscale, comment voulez-vous que la croissance redémarre? L’accès au financement est la base de toute création de valeur, surtout avec un tissu entrepreneurial comme celui de la Tunisie, dans lequel la sous-capitalisation est la règle.