L’inflation en Tunisie va ralentir, mais elle ne disparaîtra pas. C’est ce que prévoit la Banque centrale de Tunisie (BCT) dans sa dernière note de conjoncture publiée le 7 avril 2025. Selon les projections, le taux d’inflation devrait passer de 7% en 2024 à environ 5,3% en moyenne sur la période 2025-2026. Une baisse progressive, certes, mais qui maintient l’inflation au-dessus du seuil de 5%, considéré comme relativement élevé pour une stabilité durable des prix.
Ce recul modéré s’explique en grande partie par une baisse attendue des prix de l’huile d’olive, un produit essentiel dans la consommation des ménages tunisiens. Cette tendance devrait atténuer l’impact de plusieurs facteurs haussiers, comme la hausse des salaires, les tensions sur les prix à l’international ou les difficultés de production dans les secteurs agricole et public.
Les prix encadrés restent sous pression
Les prix administrés – fixés ou encadrés par l’État – devraient aussi ralentir à court terme. Cela est dû à la baisse des tarifs de l’électricité de -3,5% en février 2025 et au maintien du gel sur plusieurs produits de base comme les céréales, les huiles végétales ou les carburants. Résultat: l’inflation des prix administrés reculerait de 4% en 2024 à 3,1% en 2025, avant de remonter à 4,6% en 2026. Mais cette détente reste fragile. Le poids croissant des subventions, surtout dans le secteur de l’énergie, pourrait conduire à des révisions à la hausse de ces prix dans les années à venir.
Les produits frais toujours chers
En ce qui concerne les produits alimentaires frais, l’inflation reste plus marquée. Elle devrait dépasser les 10% au premier semestre 2025, avant de redescendre graduellement à 7,5% en 2026, selon la BCT. Ce repli dépendra en grande partie de l’évolution climatique et de la capacité du secteur agricole à répondre à la demande. En moyenne annuelle, l’inflation de cette catégorie passerait de 11,7% en 2024 à 9,5% en 2025 et 7,5% en 2026 — un niveau toujours supérieur à la moyenne historique de 5%.
L’inflation «sous-jacente» reste difficile à maîtriser
L’indice dit de l’inflation sous-jacente (hors produits frais et prix administrés) reflète les tensions structurelles sur les prix. Ce taux devrait également baisser: de 7% en 2024 à 5% en 2025 et 2026. Toutefois, plusieurs facteurs pourraient freiner cette tendance, notamment la hausse des salaires, la reprise de la consommation ou encore les effets indirects des ajustements de prix publics. Hors alimentation et énergie, l’inflation passerait de 6,6% en 2024 à 5,7% en 2025, puis 5,3% en 2026.