Les sommets internationaux sont souvent perçus comme des espaces de négociation cruciaux pour l’économie mondiale et les questions sociales. Pourtant, selon Sara Branco, membre de l’équipe de leadership du C20 Afrique du Sud et conseillère internationale à l’Instituto de Referência Negra Peregum, ces instances souffrent d’un manque de transparence et d’engagement contraignant. «Les recommandations adoptées par les dirigeants ne sont pas juridiquement contraignantes. Il n’existe pas de mécanisme permettant aux sociétés civiles de suivre leur mise en œuvre et d’exiger des comptes aux gouvernements», a-t-elle souligné lors de la 5e édition d’Afrodad, qui se tient du 25 au 27 mars à Johannesburg.
Elle a notamment évoqué la structure du G20, précisant que cette instance repose sur une présidence tournante et une coordination en troïka, composée du pays ayant présidé l’année précédente, du pays en exercice et du prochain président. Cette année, la troïka est formée du Brésil, de l’Afrique du Sud et des États-Unis. «Ce sont ces trois pays qui déterminent l’agenda du sommet des dirigeants et peuvent proposer des ajustements à la structure du G20», a-t-elle expliqué.
Deux principales voies de négociation structurent le G20: la voie financière et la voie sherpa. La première, fermée au public, réunit les ministres des Finances et les présidents des banques centrales pour discuter des politiques macroéconomiques. La seconde, dirigée par les diplomates de chaque pays, est responsable des négociations politiques et stratégiques qui débouchent sur la déclaration finale du sommet. Cette déclaration, bien que consensuelle, exclut souvent des thèmes cruciaux. «Par exemple, l’année dernière, le groupe des femmes a tenté d’intégrer le concept d’intersectionnalité dans le document final, mais il n’a pas été retenu faute d’unanimité», a-t-elle précisé.
Branco a également mis en avant le contraste entre le G20 et le C20 (Civil 20), une plateforme qui vise à faire entendre la voix de la société civile. Contrairement au G20, où les décisions restent entre les mains des États, le C20 permet aux organisations non gouvernementales d’intervenir et d’influencer les discussions. Cependant, elle regrette que ces engagements restent souvent symboliques. «Nous nous battons chaque année pour accéder aux réunions fermées et faire valoir nos revendications, mais le manque de transparence demeure un obstacle majeur», a-t-elle déploré.
Cette année, sous la présidence sud-africaine du G20, trois forces-tâches ont été mises en place pour traiter des enjeux prioritaires: la croissance économique inclusive et la réduction des inégalités, la sécurité alimentaire, et la gouvernance de l’intelligence artificielle et des données. Pour Branco, ces thématiques sont essentielles, mais nécessitent une implication plus forte des acteurs de la société civile afin que leurs recommandations ne restent pas lettre morte.
Enfin, Sara Branco a insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes de redevabilité des dirigeants et d’ouvrir davantage les discussions aux organisations de la société civile. «Si nous voulons un impact réel, il faut que nos voix soient entendues et que les engagements pris lors des sommets se traduisent en actions concrètes», a-t-elle affirmé.