Fitch Ratings a confirmé les notes de défaut émetteur (IDR) à long terme en monnaie locale et étrangère de l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI), à «CCC+» et la note de viabilité (VR) à «ccc+». L’agence a également confirmé les notes nationales à long et court terme de l’UBCI à respectivement «AA-(tun)» et « F1+(tun) ». La perspective de la note nationale à long terme est stable. Pour rappel, ces notes sont les plus élevées attribuées par Fitch à un émetteur en Tunisie, à l’exception des banques dont les notes tiennent compte du soutien des actionnaires.
La conjoncture et les conditions d’exploitation sont qualifiées de «difficiles» par Fitch et le resteront en 2025. Elle estime que la croissance du PIB réel sera de 1,5% en 2025 et 1,6% en 2026. L’inflation va décélérer mais restera élevée à 6% en moyenne. L’absence de réformes structurelles continuera à peser sur la confiance des entreprises. La demande de crédit est faible, les prêts n’ayant augmenté que de 1,8% en glissement annuel au cours des 9 premiers mois de 2024.
Avec ces facteurs externes, le profil commercial de l’UBCI est caractérisé par une part de marché de 2,8% en termes d’actifs et de 3,3% en termes de dépôts à la fin de 2023. La banque applique un business model classique, les prêts aux clients représentant près de 65% des actifs à la fin du premier semestre 2024, ce qui se traduit par une forte dépendance à l’égard des revenus d’intérêts. Ce modèle est complété par des services de bancassurance, de banque privée, de crédit-bail, d’affacturage et de courtage.
Le profil de risque de l’UBCI est compromis par sa forte exposition à l’État, qui représente environ 17% des actifs et 1,5x ses fonds propres à la fin de 2024. Néanmoins, les normes de souscription de l’UBCI aux titres de créance émis par le Trésor sont bien développées et son cadre de contrôle des risques est adéquat dans le contexte national. En outre, l’UBCI se concentre sur les clients de détail à faible risque et sur les entreprises nationales et multinationales de haute qualité.
En outre, les indicateurs de qualité des actifs de l’UBCI sont comparables à ceux de ses homologues nationaux et sont restés globalement stables malgré la volatilité de l’environnement opérationnel. Le ratio de prêts douteux de 4,9% à la fin de 2024 est nettement inférieur à la moyenne du secteur, qui est d’environ 14%.
La rentabilité de la banque est comparable à celle du secteur. Toutefois, Fitch retient l’EBIT/actifs pondérés des risques comme principale mesure de profitabilité, ce qui n’est pas en faveur de l’UBCI puisqu’il est en baisse depuis 2022. L’augmentation des charges d’exploitation et du coût du risque est à l’origine de cette tendance.
Les ratios d’adéquation des fonds propres (Tier I) et des fonds propres de l’UBCI sont, respectivement, de 11,8% et 12,9%. Bien qu’elle soit largement supérieure aux minimums réglementaires, la capitalisation de la banque n’est pas jugée adéquate par Fitch à la lumière des concentrations élevées et de l’exposition importante à un souverain faible.
Enfin, le profil de financement de la banque est bon. Les dépôts des clients représentent 89% du total des fonds propres à la fin du premier semestre 2024. La part élevée des dépôts des particuliers (67% du total des dépôts) se traduit par une base de dépôts assez granulaire et un risque de concentration modéré. La liquidité de la banque est saine, avec un ratio prêts/dépôts de 91% et un ratio de couverture de la liquidité de 219% fin juin 2024.
En tout, l’UBCI peut se féliciter de cette notation. Maintenant, il faut travailler dur sur l’amélioration de la rentabilité et, surtout, la transformation de son business model. C’est le défi de l’ensemble du secteur bancaire tunisien dans les années à venir.