La dynamique du capital privé en Afrique semble ralentir.
D’après le dernier rapport de l’Association africaine du capital privé (AVCA), les investissements sur le continent ont diminué de 11% depuis le début de l’année, poursuivant ainsi la tendance baissière entamée l’an dernier. Cette situation est attribuée à des turbulences économiques mondiales, marquées par une inflation persistante et des taux d’intérêt élevés, qui poussent les investisseurs à adopter une approche plus prudente.
En conséquence, les grandes transactions se font de plus en plus rares, laissant place à des opérations plus petites et moins risquées.
À la fin du troisième trimestre, 1,9 milliard de dollars avaient été investis en Afrique par le capital privé, marquant une baisse de 53% par rapport à 2023. Ce montant, bien en dessous de la moyenne quinquennale de 4,2 milliards de dollars, représente le plus mauvais démarrage depuis cinq ans. Le nombre total de transactions a également diminué, mais de manière moins marquée, avec 287 opérations enregistrées depuis janvier.
Ce recul des investissements pousse les acteurs à ajuster leur stratégie. Pour la première fois en cinq ans, les petites transactions, inférieures à 50 millions de dollars, représentent 66% du total. Les grandes opérations se font de plus en plus rares, avec aucune transaction supérieure à 250 millions de dollars et une chute de 92% dans la tranche de 50 à 99 millions de dollars. Cette évolution reflète la prudence accrue des investisseurs face à l’incertitude.
Le secteur du capital-risque, moteur clé de l’innovation en Afrique, connaît également un ralentissement. Bien qu’il représente encore une part importante de l’activité — 62% en volume et 52% en valeur —, le nombre de transactions a chuté de 21% et la valeur des investissements a presque été réduite de moitié (-49%) par rapport à 2023. Face à cette situation, les startups africaines adoptent une approche plus défensive, limitant leurs projets de croissance et se concentrant sur l’optimisation de leurs opérations actuelles.
Malgré tous les défis, l’AVCA insiste que l’Afrique conserve un potentiel d’attractivité indéniable, avec des opportunités pour les investisseurs prêts à s’adapter et à parier sur le long terme.
Cependant, l’incertitude économique pèse sur les perspectives. Fitch anticipe une hausse des prêts non performants, alors que les banques africaines, soumises à des pressions de solvabilité, devront renforcer leurs assises pour faire face aux aléas.