L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a attribué une notation inaugurale de «B-/B» avec une perspective stable à la République du Tchad, notation la plus élevée pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac). C’est une excellente nouvelle pour ce petit pays qui cherche à stabiliser son économie et diversifier ses sources de revenus.
Durant de longues années, le Tchad était politiquement instable et sa situation sécuritaire fragile. Maintenant, les réformes entreprises devraient lui permettre d’atteindre une croissance de 3,6% par an entre 2024 et 2027. L’accent a été mis sur la diversification des sources de revenus, le secteur pétrolier représentant plus de 20% du PIB et 60% des recettes budgétaires. Réduire la dépendance aux fluctuations du marché mondial de l’or noir est l’un des principaux objectifs poursuivis.
Et puisque nous parlons de notation, il faut jeter un coup d’œil sur la gestion de la dette du Tchad. Elle a effectivement positivement évolué, avec à la clé une restructuration de grande ampleur réalisée en 2022. Le pays a bien profité du cadre commun du G20. Grâce à cette démarche, aujourd’hui, la dette extérieure représente moins de la moitié de l’endettement global et est assortie de conditions de remboursement favorables. En moyenne, la charge d’intérêts est de 4,4% des revenus budgétaires pour la période 2024-2027.
Le gouvernement dispose donc d’une marge de manœuvre financière respectable, rendant son profil de dette attractif pour les investisseurs.
S&P a mis en valeur l’appartenance du Tchad à la Cémac, qui apporte une dose supplémentaire de stabilité. Le franc CFA offre une protection contre les risques de change et l’inflation excessive. Le soutien des partenaires multilatéraux et bilatéraux a permis de lancer des projets d’infrastructure pour pallier les déficiences en matière de transport, d’accès à l’eau et à l’énergie, créant ainsi les bases d’une croissance économique plus équilibrée. Le pays explore actuellement de nouveaux axes de développement, notamment l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, dans lesquels il dispose d’avantages concurrentiels grâce à ses vastes terres et son cheptel important. Le Plan national de développement 2024-2029 vise, entre autres, à moderniser le secteur agricole en améliorant les pratiques et l’accès aux semences de qualité, tout en encourageant la diversification des cultures vers des produits plus rentables.
Mais la note attribuée demeure spéculative et traduit une «vulnérabilité accrue aux conditions économiques et financières défavorables mais avec aptitude à faire face à ses engagements dans l’immédiat». Il y a plein de défis auxquels le pays doit faire face, en particulier les risques d’instabilité sécuritaire à cause des conflits régionaux, et la mise à niveau à accomplir du climat des affaires. Il n’est pas exclu de voir le pays se lancer prochainement sur le marché de la dette privée, surtout que les conditions financières se détendent.