Lors du premier jour de la 7e édition d’AfricaArena à la Cité de la culture de Tunis, Abderrahmane Chaoui, CEO de Sendemo, a souligné les enjeux de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique, à un moment où le monde est plongé dans une course aux investissements colossaux.
Des géants technologiques tels qu’Alphabet, OpenAI, Meta et Microsoft ont récemment levé des fonds astronomiques, atteignant respectivement 50 milliards, 55 milliards et 37 milliards de dollars. À l’horizon 2027, Dario Amodei, CEO d’Anthropic, prédit que le développement d’un modèle comme GPT-6 pourrait nécessiter jusqu’à 100 milliards de dollars.
Parallèlement, Moody’s anticipe que les infrastructures mondiales de centres de données devront absorber des trillions de dollars dans les années à venir.
Dans ce contexte compétitif, l’Afrique semble à la traîne. Le continent compte seulement 145 centres de données, tandis que 53% de sa population n’a pas accès à l’électricité. Cela place l’Afrique dans une position de dépendance, risquant de devenir un simple consommateur des infrastructures développées ailleurs.
Concernant le financement de l’IA, les dépenses en Afrique devraient atteindre 3 milliards de dollars en 2024, avec une prévision de doublage à 6,6 milliards d’ici 2026. Bien qu’il y ait quelques avancées, comme l’annonce de nouveaux centres de données hyperscale en Afrique du Sud et au Kenya, l’infrastructure reste largement insuffisante pour répondre aux besoins croissants.
Le manque de talents spécialisés en IA et les faibles interactions entre le milieu universitaire et le secteur privé aggravent cette situation. Toutefois, des initiatives prometteuses émergent, notamment des universités d’excellence comme Carnegie Mellon University (CMU) et l’African Institute for Mathematical Sciences (AIMS), ainsi que le centre de recherche Google à Accra, qui commencent à former des professionnels qualifiés. Néanmoins, le continent doit encore faire face à des obstacles, tels qu’une réglementation défavorable et un accès inégal à Internet et à l’éducation.
Dans le même cadre, Chaoui distingue deux types d’IA en fonction de leur potentiel transformateur: l’IA qui vise à développer des compétences de base pour interagir avec elle, et l’IA transformative, qui se concentre sur la recherche appliquée et les projets collaboratifs entre universités et entreprises. De nombreuses applications à fort potentiel émergent dans divers secteurs, tels que:
- Agritech: surveillance des cultures, tarification et distribution.
- Fintech: scoring de crédit et facilitation de dettes.
- Commerce: chatbots, assistance client et prévisions de ventes.
- Logistique: robots et algorithmes prédictifs.
- Santé: génomique et détection du cancer.
- Mobilité: véhicules autonomes et automatisation à grande échelle.
- Villes intelligentes: production et distribution d’énergie.
Pour que l’IA devienne un véritable moteur de développement en Afrique, Chaoui souligne l’importance d’établir une vision claire de ses objectifs en renforçant ses capacités internes et en favorisant les synergies entre le secteur privé et les institutions académiques.