Dans le cadre du quatrième podcast CJD Talks 2024 du mois d’août, Amir Ben Gacem, Managing Director d’ARCHE, Emerging Markets Partners Limited, a partagé ses perspectives sur le rôle des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) dans l’investissement et le développement économique en Tunisie. Avec une carrière de 20 ans dans les banques d’affaires, Ben Gacem a entrepris de connecter les atouts de la Tunisie à l’international à travers des projets innovants dans le domaine de l’infrastructure digitale et des énergies renouvelables.
De la réflexion à l’action : l’engagement de Ben Gacem pour la Tunisie
Après avoir passé deux décennies dans les banques d’affaires, Ben Gacem s’est interrogé sur ce qu’il pouvait apporter de plus à son pays d’origine, la Tunisie. Son projet s’est concentré sur deux domaines : l’infrastructure digitale et les énergies renouvelables, deux secteurs où la Tunisie présente des avantages comparatifs significatifs. Son premier contact pour concrétiser son projet a été l’ambassade de Tunisie à Londres, qui l’a ensuite orienté vers les ministères concernés en Tunisie.
Les défis de l’investissement en Tunisie : lenteurs administratives et complexité du cadre légal
Ben Gacem souligne les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de son projet, notamment les retards de réponse des administrations tunisiennes. Cette lenteur administrative s’est révélée particulièrement problématique lorsqu’il s’agissait de rassurer ses investisseurs étrangers. En revanche, il a bénéficié de l’assistance de la Tunisian Investment Authority, qui l’a aidé à coordonner les différentes parties prenantes et à suivre les progrès réalisés.
Comparant la Tunisie au Maroc, Ben Gacem note que, contrairement à ce dernier où une seule personne peut prendre une décision, en Tunisie, les décisions impliquent plusieurs intervenants et ministères, ce qui ralentit le processus. Cependant, il reconnaît que, malgré ces obstacles, les choses avancent finalement en Tunisie.
Les préoccupations des investisseurs étrangers : sortie des fonds et environnement d’affaires
Une des principales préoccupations des investisseurs étrangers en Tunisie concerne la capacité à rapatrier leurs fonds en raison de la crise des réserves en devises. Pour attirer et retenir ces investisseurs, Ben Gacem insiste sur la nécessité de créer un environnement d’affaires favorable, où les investisseurs se sentent justifiés dans leur choix de prendre des risques en Tunisie.
Il souligne également les avantages compétitifs de la Tunisie, notamment le faible coût de production de l’électricité comparé à des pays comme la France ou le Royaume-Uni. La Tunisie bénéficie d’une infrastructure de télécommunications robuste, avec la fibre optique accessible partout, permettant ainsi la prestation de services à distance.
Maximiser les atouts de la Tunisie : une vision pour l’avenir
Ben Gacem appelle à un changement de perspective : au-delà de la main-d’œuvre bon marché et de la proximité avec l’Europe, la Tunisie doit exploiter ses vastes ressources en énergies renouvelables, avec ses 3 600 heures d’ensoleillement par an. En tant que voisin de l’Europe, la Tunisie a des avantages uniques à offrir que ses partenaires européens n’ont pas.
Pour réussir, il est essentiel de convaincre les investisseurs étrangers que la Tunisie est une destination sûre et rentable. Cette confiance pourrait inciter d’autres investisseurs à suivre leur exemple.
Le rôle des TRE : donner de son temps et de son expertise pour améliorer la Tunisie
Ben Gacem croit fermement que les TRE peuvent jouer un rôle crucial dans l’amélioration de la Tunisie, même à petite échelle. Il encourage les Tunisiens résidents à l’étranger à apporter leur expertise, leurs idées et leurs recommandations. Il insiste sur l’importance de créer un pont entre les TRE et la Tunisie, en facilitant les investissements et les projets collaboratifs.
Réformes nécessaires : adapter la Tunisie aux réalités mondiales
Pour que la Tunisie s’adapte aux exigences du marché mondial, des réformes légales et économiques sont nécessaires. Ben Gacem critique les lois obsolètes et les incohérences administratives qui freinent l’investissement. Il appelle à une simplification des processus pour encourager un plus grand flux d’investissements étrangers.
Il met également en lumière l’importance de l’adaptation du secteur touristique aux nouvelles tendances. Aujourd’hui, les touristes recherchent des expériences culturelles authentiques, plutôt qu’un simple séjour dans un hôtel. La Tunisie doit s’ajuster à cette demande en valorisant son patrimoine et ses traditions.
La Tunisie : vers un avenir prometteur
En conclusion, Ben Gacem appelle à une plus grande confiance en la capacité de la Tunisie à réussir. Il insiste sur l’importance de réformes progressives, alignées sur les pratiques internationales, pour améliorer l’attractivité du pays. Avec les bonnes réformes et une communication efficace, la Tunisie peut devenir une destination de choix pour les investisseurs étrangers, tout en mobilisant sa diaspora pour contribuer à son développement.