Le CJD Talks 2024 a récemment accueilli Sami Ayari, fondateur de Reconnectt et cofondateur de la Tunisian AI Society, pour son deuxième podcast dédié au thème crucial de « Comment transformer les Tunisiens résidents à l’étranger en un fer de lance de l’investissement et des exportations tunisiennes ? ». Au cours de cette discussion inspirante, Ayari a partagé ses réflexions sur la nécessité de mobiliser la diaspora tunisienne, tout en soulignant les défis et les opportunités uniques qui se présentent à cette communauté.
Une communauté tunisienne soudée, mais en quête de reconnaissance
Ayari a exprimé sa gratitude envers l’État tunisien qui lui a permis d’étudier à l’étranger grâce à une bourse. Ayant vécu de nombreuses années hors de la Tunisie, il a pu observer de près la dynamique des communautés tunisiennes à l’étranger. Contrairement à d’autres nationalités, les Tunisiens résidant à l’étranger forment une communauté particulièrement soudée, animée par un profond désir d’améliorer leurs conditions de vie, de soutenir leurs familles restées en Tunisie, et d’investir dans leur pays d’origine.
Il a également noté que les 12 milliards de dinars transférés chaque année par les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) sont majoritairement investis dans l’immobilier ou envoyés pour aider leurs proches. Pourtant, cette contribution financière significative reste limitée par un manque de visibilité et de communication ciblée de la part des autorités tunisiennes. Ayari a insisté sur le besoin urgent d’une feuille de route claire et ambitieuse pour mieux encadrer et stimuler l’engagement des TRE.
Combler le fossé technologique et rétablir la confiance
L’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les TRE est l’écart grandissant entre les standards technologiques auxquels ils sont habitués à l’étranger et ceux qu’ils retrouvent en Tunisie. La digitalisation, bien qu’en marche, accuse encore un retard par rapport aux attentes de ces Tunisiens expatriés. Ayari a donc souligné l’importance de moderniser les infrastructures et de réformer les lois paralysantes pour créer un environnement plus favorable à leur retour.
Il a également évoqué le risque croissant pour les TRE d’être victimes de politiques discriminatoires dans leurs pays d’accueil, notamment avec la montée des extrêmes droites en Europe. Cette situation renforce l’urgence de créer un cadre attractif en Tunisie, capable de convaincre les TRE de revenir et d’investir dans leur pays natal. Selon lui, il est impératif de délivrer des messages d’espoir et de confiance pour inciter ces talents à revenir.
La technologie et l’innovation au cœur de la stratégie de réengagement
Ayari a également abordé le rôle clé que la diaspora peut jouer dans le développement technologique de la Tunisie. La dynamique de l’intelligence artificielle (IA) est en pleine expansion, mais le manque de moyens freine les talents locaux, qui sont souvent contraints de s’expatrier pour poursuivre leurs ambitions. Ayari plaide pour des partenariats public-privé, où l’État pourrait investir dans des laboratoires privés afin de développer les nouvelles technologies et de retenir les meilleurs talents en Tunisie.
Il a exprimé ses préoccupations quant au « brain drain » qui affaiblit la Tunisie, estimant que ce phénomène doit être stoppé par une politique de soutien et de valorisation des compétences locales. La création de fonds d’investissement dans la tech, garantis par l’État, est l’une des solutions proposées pour encourager les TRE à revenir et à contribuer à la transformation technologique du pays.
Un appel à l’action pour un avenir commun
En conclusion, M. Ayari a lancé un appel à la diaspora tunisienne, l’invitant à saisir les opportunités qui se présentent actuellement pour renforcer leur engagement envers la Tunisie. Il a également exhorté l’État à jouer un rôle central en créant un environnement propice, basé sur la confiance, pour accueillir ces talents et leurs investissements.
L’objectif est clair : bâtir un avenir prospère en misant sur les compétences et l’expertise des Tunisiens, tant résidents qu’expatriés, tout en développant des infrastructures modernes et inclusives qui répondent aux défis du XXIe siècle.