Moody’s a abaissé la note souveraine du Kenya au niveau de la catégorie Junk hier, en raison de la capacité réduite à mettre en œuvre une stratégie d’assainissement budgétaire pour contenir le fardeau de la dette. L’agence de notation a révisé à la baisse les notes d’émetteur à long terme du pays en monnaie locale et étrangère, ainsi que les notes de la dette senior non garantie en monnaie étrangère de “B3” à “Caa1”.
En juin, le président kényan Willian Ruto a retiré les hausses d’impôts prévues en réponse à des manifestations de masse qui ont tourné au drame, faisant 24 morts. Le projet de loi de finances annulé contenait des mesures destinées à aider le gouvernement à collecter 2,7 milliards de dollars d’impôts supplémentaires afin de réduire le déficit budgétaire et les emprunts de l’État.
Pour compenser le retrait du projet de loi de finances, le gouvernement s’est tourné vers la réduction des dépenses. Selon Moody’s, cette politique d’austérité devrait, certes, réduire le déficit budgétaire, mais à un rythme plus progressif que prévu, et s’attend par conséquent à ce que la capacité d’endettement du Kenya reste plus faible pendant plus longtemps. De plus, et face aux tensions sociales accrues, le gouvernement ne serait pas en mesure d’introduire des mesures significatives de collecte d’impôts dans un avenir prévisible, a déclaré l’agence de notation. C’est pourquoi la perspective du rating est “négative”. Le trou budgétaire dépasse la capacité d’emprunt et, par conséquent, les risques de liquidité du pays sont sérieux.
Moody’s a grillé le Kenya sur les marchés et avec les institutions financières internationales. Néanmoins, et malgré le contexte sécuritaire, le pays demeure mieux noté que la Tunisie qui est sur la bonne voie du redressement, en phase de désendettement extérieur et qui ne connaît aucun incident sécuritaire. L’importance d’un rating doit être analysée rationnellement, bien que son impact soit inévitable.