Le CJD Talks 2024 a accueilli Soumaya Ben Beya, Cofondatrice et associée chez Rasmal Ventures, pour un podcast sur le thème « Startups et PME, quels rôles communs et pour quels objectifs ? ».
Rasmal Ventures : pionnier du VC au Qatar
Rasmal Ventures est le premier fonds de capital-risque privé et indépendant lancé au Qatar, dédié à l’investissement dans les startups en série A. Ben Beya a expliqué que le financement des startups passe par différentes étapes, débutant par la phase « friends and fools » où les startups naissantes reçoivent de petits investissements d’angel investors. Ensuite, viennent les phases de développement du concept avec le minimum viable product (MVP) financées par le pre seed et seed. L’évolution des entreprises avec la validation du marché mène aux financements pré-série A, série A et série B.
Focus sur le marché MENA
Ben Beya a indiqué que Rasmal Ventures se concentre sur la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du nord), où le défi majeur réside dans les financements pré-série A, série A et B. Le marché est déjà bien desservi en termes de financement preseed et seed. Les tickets d’investissement de Rasmal Ventures commencent à partir de 3 à 5 millions de dollars et peuvent atteindre 10 millions de dollars. En plus du financement, Rasmal Ventures apporte une expertise précieuse grâce à un réseau de compétences chevronnées, permettant un accompagnement réussi des startups jusqu’à leur sortie.
Le long chemin vers un écosystème mature
Ben Beya a souligné qu’un écosystème de startups mature nécessite du temps et des apprentissages. Elle a mentionné que des échecs et des apprentissages sont indispensables pour créer une innovation durable et atteindre une croissance exponentielle. Les succès inspirants comme Instadeep ou Expensya représentent des étapes cruciales sur lesquelles il faut bâtir.
Défis et opportunités en Tunisie
En analysant la région MENA, Ben Beya a noté une différence entre le Moyen-Orient et l’Afrique du nord en termes de besoins en financement. En Tunisie, bien que le financement seed soit relativement accessible, il existe un fossé entre les pré-séries A et les séries A, où les investissements de 200 000 dollars et plus sont rares. Ben Beya a fait appel aux Tunisiens résidant à l’étranger pour combler ce gap, soulignant l’importance d’investisseurs capables de soutenir ces montants.
Les défis du seed en Tunisie
Les startups tunisiennes en phase seed peuvent perdre beaucoup de temps à chercher des investisseurs, risquant ainsi de voir leur avantage concurrentiel disparaître. Mme Ben Beya a proposé la création d’un fonds de fonds pour attirer les fonds de capital-risque, avec une flexibilité opérationnelle accrue pour les VCs et les startups.
La stratégie de positionnement
Ben Beya a comparé la Tunisie à un petit marché nécessitant une stratégie précise, citant l’exemple du Qatar qui s’est concentré sur la tech énergétique avec QNB comme client principal. Un hub comme Novation City, spécialisé dans l’intelligence artificielle, pourrait devenir un moteur puissant pour booster les startups tunisiennes dans ce secteur.
Soutenir et améliorer l’existant
Les initiatives en Tunisie sont prometteuses et doivent être soutenues et améliorées. Ben Beya a insisté sur la résolution des défis liés au Startup Act pour renforcer l’écosystème et attirer les meilleures idées et innovations. Elle a également encouragé à aller au-delà des frontières locales pour attirer investisseurs, experts et compétences tunisiennes à l’international, apportant un soutien considérable à l’écosystème startup tunisien.
En conclusion, le podcast avec Soumaya Ben Beya a mis en évidence plusieurs solutions et opportunités pour renforcer l’écosystème entrepreneurial en Tunisie :
- Créer un écosystème de soutien solide : Mettre en place des accélérateurs et des incubateurs offrant des ressources et un accompagnement personnalisé pour les startups.
- Faciliter l’accès aux investissements : Adapter les politiques bancaires pour permettre des virements internationaux et faciliter les levées de fonds.
- Promouvoir la transparence et l’échange d’expériences : Encourager les entrepreneurs à partager ouvertement leurs échecs et réussites.
- Soutenir les entrepreneurs tunisiens à l’étranger : Créer des réseaux et des fonds d’investissement pilotés par des entrepreneurs expatriés.
- Encourager une nouvelle approche politique : Adopter des politiques favorables à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
- Éducation et formation continue : Inciter les jeunes entrepreneurs à rester informés et à apprendre constamment.
Ces approches montrent qu’il est possible de créer un environnement favorable à l’innovation et à la croissance des startups en Tunisie, transformant ainsi l’économie et la société tunisienne.