Lors de la 3e édition du Forum de codéveloppement industriel, Myriam Elloumi, 2ème vice-présidente de la Tunisian Automotive Association (TAA), a partagé sa vision et ses aspirations pour le secteur automobile tunisien. Ses propos font écho à ceux de Michel Bauza, directeur de Business France pour l’Afrique du Nord, en soulignant l’importance du positionnement de la Tunisie dans la chaîne de valeur régionale.
Un partenariat fort avec l’Europe
Myriam Elloumi a soutenu que la Tunisie travaille étroitement avec l’Europe depuis longtemps, principalement dans l’industrie automobile. La majorité des pièces automobiles fabriquées en Tunisie sont exportées en Europe. Elle a précisé: “80 % de nos exportations industrielles automobiles vont en Europe, pour un total de 2,5 milliards d’euros. L’Allemagne est notre principal partenaire, suivie par la France, la Roumanie et l’Italie.” Et de poursuivre: “La France occupe une position centrale en tant que partenaire principal de la Tunisie. Cette collaboration revêt une importance croissante du fait de l’étroite intégration de la Tunisie dans la chaîne de valeur. En effet, dans notre pays, 42% des éléments constitutifs d’un véhicule sont produits localement, ce qui représente un atout majeur pour les constructeurs et les fabricants de pièces automobiles.”
Cependant, l’industrie automobile tunisienne doit faire face à plusieurs défis, comme l’électromobilité, les voitures connectées et la durabilité. “Nous devons réduire les émissions de carbone. Pour cela, nous avons besoin du soutien du gouvernement et de renforcer nos partenariats avec l’Europe. Actuellement, notre mix énergétique est de seulement 4 %, alors que certains constructeurs comme BMW exigent 100 % d’énergie propre. Nous devons donc travailler pour faciliter l’adoption de technologies comme le photovoltaïque”, a-t-elle expliqué.
Un partenariat public-privé pour le développement durable
La Tunisie mise sur un partenariat entre le public et le privé pour développer son secteur automobile. “Nous avons eu des discussions positives avec la ministre de l’Industrie, Fatma Thabet Chiboub, concernant le pacte de compétitivité de l’industrie automobile.” Ce pacte permet d’augmenter les exportations de composants automobiles de 7,5 milliards de dinars actuellement à 14 milliards de dinars d’ici 2027. Qui plus est: créer 60 000 nouveaux emplois, en plus des 90 000 emplois existants. Pour rappel aussi, il tend aussi à attirer des investissements dans le secteur des voitures électriques et intelligentes, avec un objectif de passer de 12 % d’investissements en 2018 à 22 % en 2027, et d’augmenter le taux d’intégration de 40 % à 48 %. En réalité, le pacte de compétitivité apporte un focus sur 5 axes: infrastructure, cadre réglementaire, emploi et formation, recherche & développement, et visibilité et image. Par exemple, l’État simplifiera 50 % des procédures administratives et en digitalisera au moins 60 %. Des primes à l’investissement seront mises en place, et le montant de l’investissement à l’étranger sera augmenté. Le secteur privé mettra en place un code de bonnes pratiques et améliorera l’utilisation du Couloir vert pour le dédouanement. Comme a été communiqué par la TAA.
Malgré des retards causés par la pandémie de COVID-19, des progrès ont été réalisés depuis la signature du pacte en juillet 2022. “Certaines mesures ont été finalisées et d’autres sont très avancées. La TAA soutient ses membres dans des projets de développement durable, comme le calcul de l’empreinte carbone, l’installation de panneaux photovoltaïques, la mise en place d’une démarche RSE, le reporting qui va devenir une obligation dans les prochaines années, donc il faut commencer à se préparer”, a-t-elle déclaré avec enthousiasme. Lors d’une récente réunion avec la ministre de l’Industrie, Fatma Thabet Chiboub, le gouvernement a montré un fort engagement pour accélérer ces mesures. “La ministre a exprimé un grand intérêt pour intégrer un nouveau pilier de développement durable au pacte, ce qui est une avancée positive”, a conclu Myriam Elloumi.