Un événement de dimension politique sans précédent se tient le 7 mai 2024 pour sceller une nouvelle étape de l’engagement de la coopération franco-allemande au profit de l’écosystème entrepreneurial tunisien. Objectif: soutenir les entreprises tunisiennes dans leur processus d’internationalisation et d’exportation vers les marchés de l’Afrique subsaharienne, mettant l’accent sur les opportunités et les défis que renferme la région.
Discours politiques, panels et témoignages se succèdent pour transformer l’événement “Élargir les horizons, renforcer les liens économiques: la triangulation franco-germano-tunisienne vers le continent africain” en une véritable plateforme interactive célébrant la coopération franco-allemande et explorant les opportunités d’internationalisation des entreprises tunisiennes en Afrique subsaharienne. Tout a déjà été préparé sur le terrain. La collaboration et la synergie entre les trois pays ont pris en compte les besoins des parties prenantes publiques et privées pour appuyer l’internationalisation du secteur privé tunisien selon ses besoins. Des outils d’appui ont été mis en place par les projets AACA et PEMA financés par la GIZ (Allemagne) et Qawafel financé par l’AFD (France). «À la GIZ, nous sommes heureux et fiers de soutenir la Tunisie dans ce changement. Depuis 2018, nous travaillons en collaboration avec le ministère du Commerce et du Développement des exportations et le Cepex, dans le cadre du projet PEMA – Promotion des activités d’exportation vers de nouveaux marchés de l’Afrique subsaharienne, pour permettre aux entreprises tunisiennes de se diversifier en Afrique subsaharienne», déclare Lisa Menucha, cheffe des projets PEMA & AACA. Elle précise : «Nous avons accompagné plus de 700 entreprises depuis 2021, à travers des missions d’affaires, des formations, ou même l’organisation d’événements en Tunisie, comme les “Tunisia Africa Business Meetings”. Sa troisième édition se tiendra en 2024. Nous sommes particulièrement fiers des consortiums d’exportation, Tunisia Health Alliance, Taste Tunisia, Get-IT et Tunisia Building Partners, que nous avons contribué à créer. L’idée d’adresser ensemble les marchés africains est devenue une réalité. Pour preuve, les consortiums ont établi plus de 400 nouvelles relations commerciales, avec un chiffre d’affaires supplémentaire estimé en millions d’euros. Le même programme reproduit en 2023 pour des entreprises gérées par des femmes est aussi une grande réussite». De son côté, Mazen Al Kassem, chef du projet Qawafel, met l’accent sur l’approche holistique du projet agissant sur trois niveaux au bénéfice des startups et des PME tunisiennes, au niveau micro et méso à travers un accompagnement financier et technique. Le niveau macro se focalisera sur des mesures réglementaires à même d’améliorer le climat des affaires et sur le renforcement de la diplomatie économique tunisienne avec l’appui du ministère des Affaires étrangères pour opérationnaliser sa stratégie.
Qawafel: 36 mois et 3,8 millions d’euros
«Le projet Qawafel, financé par l’AFD et mis en oeuvre par Expertise France, intervient sur une période de 36 mois. Le déploiement se fait en partenariat avec les ministères et les opérateurs publics tunisiens, notamment le ministère de l’Économie et de la Planification, le ministère du Commerce et du Développement des exportations et le ministère des Affaires étrangères avec un budget de 3,8 millions d’euros », a-t-il ajouté. Il s’agit d’un premier jet qui concerne la cohorte de départ des 4 pays cibles dans le but d’y promouvoir le savoir-faire tunisien avant de passer à l’échelle du continent africain en général. Mazen Al Kassem précise: «Qawafel se propose également d’appuyer la diplomatie économique tunisienne pour qu’elle se hisse au niveau d’un accompagnateur efficace de l’internationalisation du secteur privé tunisien. Il est question aussi de soutenir les parties prenantes publiques pour assurer la mise en place d’un environnement propice à l’internationalisation des entreprises tunisiennes».
Les 3 attraits de l’Afrique et les 3 atouts de la Tunisie
Le projet se justifie par les immenses opportunités économiques qu’offre l’Afrique subsaharienne aujourd’hui pour les entreprises tunisiennes désireuses de s’internationaliser et de diversifier leurs marchés. «Je me souviens avec émotion de mon premier voyage avec des représentants de l’écosystème d’exportation tunisien à Nairobi, au Kenya, à l’automne 2019. Il y avait seulement un ou deux produits tunisiens dans les rayons des supermarchés, le pays n’était pas vraiment connu. En 2024, la situation est complètement différente! Les supermarchés regorgent désormais d’huile d’olive tunisienne. Les entreprises tunisiennes ne font que confirmer l’essor du marché. Et la Tunisie – à l’instar du Kenya – est parmi les premiers pays à avoir réussi le démarrage des échanges commerciaux officiels dans le cadre de la Zlecaf», révèle Lisa Menucha. En effet, le continent bénéficie de 3 facteurs/attraits combinés qui créent un environnement propice à l’investissement et à l’expansion des entreprises, à savoir une croissance économique soutenue, une population jeune et en pleine expansion et, enfin, des ressources naturelles abondantes. «Le Comesa et la Zlecaf, en tant qu’accords commerciaux destinés à dynamiser les relations intra-africaines, sont fondamentaux pour la Tunisie. C’est pourquoi nous travaillons depuis 2022 sur un deuxième projet, AACA – Appui aux accords commerciaux avec l’Afrique, pour garantir que les entreprises tunisiennes puissent en bénéficier pleinement. Cela signifie par exemple: aménager les douanes ou introduire des certificats d’origine numériques auprès de la Chambre de commerce. Et de nombreuses informations pour sensibiliser les entreprises aux opportunités offertes par les accords commerciaux». En contrepartie, la Tunisie dispose de 3 atouts qui la rendent bien positionnée pour capitaliser sur ces opportunités: d’abord, elle est située aux portes de l’Afrique subsaharienne; ensuite, les entreprises tunisiennes possèdent déjà un savoir-faire reconnu dans plusieurs secteurs clés, tels que l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication, les énergies renouvelables, les services financiers et le textile. Et, cerise sur le gâteau, celles-ci ont également développé une expertise dans la gestion des marchés internationaux, notamment grâce à leur ouverture sur les marchés européens. Consciente de cette prédisposition, la Tunisie déploie de nombreux efforts pour soutenir les PME tunisiennes dans leur expansion vers le marché africain par le biais du ministère du Commerce et du Développement des exportations et du Centre de promotion des exportations (Cepex). Diverses initiatives ont été mises en place dans le but de faciliter et d’encourager les exportations vers les pays africains, telles que des conférences de sensibilisation du secteur privé sur la Zlecaf, des missions commerciales, des salons professionnels…
Tunisie, France, Allemagne la main dans la main
En cela, la Tunisie a pu compter sur une collaboration de toujours avec la France et l’Allemagne, notamment via des projets de coopération financés par les deux pays et mis en œuvre en Tunisie par Expertise France et la GIZ pour faciliter l’accès aux ressources financières, à l’expertise technique et aux programmes de formation. Ils contribuent aussi à soutenir la Tunisie dans son développement économique et son expansion internationale et à la création d’un environnement favorable à la croissance des entreprises tunisiennes et à leur intégration sur les marchés internationaux, notamment en Afrique subsaharienne. Une collaboration que l’événement du 7 mai 2024 vise à célébrer en mettant l’accent sur le potentiel des entreprises tunisiennes pour conquérir ces marchés, tout en soulignant les avantages de la collaboration franco-allemande en termes d’expertise, de financement et de partenariat. «Nous souhaitons envoyer un message: nous, la France et l’Allemagne, soutenons la Tunisie dans son orientation vers l’Afrique subsaharienne. Nous croyons au Projet Afrique et sommes là pour vous soutenir», insiste Lisa Menucha.