«L’évolution et le volume des investissements étrangers au cours des années post-révolutionnaires sont en deçà de ce qu’ils devraient être, compte tenu du potentiel scientifique, technique, technologique et des opportunités d’investissement propres au pays», déclare le directeur du magazine l’Économiste Maghrébin, Hédi Mechri. Et d’ajouter: «La Tunisie attire le moins d’IDE dans l’espace euro-méditerranéen, alors qu’elle possède la vocation et les atouts pour prétendre à un rang bien meilleur».
Lors du 25e Forum annuel de l’Économiste Maghrébin, le débat enflammé sur la nécessité de relancer les investissements directs étrangers (IDE) a atteint son paroxysme avec les interventions de Fethi Zouhair Nouri, gouverneur de la BCT, Namia Ayadi de la TIA, Marcus Cornaro, l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie… En effet, dans son intervention, le gouverneur a présenté quelques chiffres déconcertants sur les investissements étrangers en Tunisie.
Il confirme que durant le quinquennat 2009-2013, les flux d’IDE vers la Tunisie ont connu une baisse de 58% par rapport à la période précédente, soit le quinquennat 2006-2010, avant la révolution. Quant à la part des flux d’IDE dans le total du financement extérieur à long terme, il n’a représenté, au cours du quinquennat 2019-2023, que 17,6%, contre 46,3% lors du quinquennat 2006-2010.
Une perte de confiance qui a conduit à une augmentation de l’endettement extérieur au cours des dernières années. Il est essentiel de souligner que la part des IDE dans le PIB a également diminué, passant de 4,1% à seulement 1,5%. Ces chiffres mettent en évidence la nécessité pressante de réagir et de prendre des mesures pour revitaliser les investissements étrangers en Tunisie. La diversification des secteurs d’investissement s’avère essentielle. Alors que l’industrie manufacturière demeure un pilier, elle a enregistré une baisse de 13%. Par contre, le secteur des services émerge comme un terrain attractif, avec une augmentation de 15% des investissements.
L’énergie, un secteur autrefois prometteur, nécessite une revitalisation, car la dépendance énergétique de 42% impose des défis dans l’attrait des investissements verts et durables. C’est d’autant plus crucial que ce secteur évolue constamment à l’échelle mondiale, notamment avec les changements climatiques. Par ailleurs, Nouri a souligné l’importance de capitaliser sur un atout souvent sous-estimé pour attirer les investissements: l’élite tunisienne.
Cette élite représente un avantage comparatif de premier plan à l’échelle internationale. «Nous disposons d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et compétente, une ressource précieuse pour tout investisseur sérieux», précise-t-il. Cependant, chaque année, nous perdons cette élite, notamment nos médecins, ingénieurs et autres professionnels, qui quittent le pays.
Cela engendre une perte estimée à 200 millions de dollars, représentant le coût de leur formation. De plus, les transferts financiers nécessaires pour soutenir nos jeunes étudiants à l’étranger représentent une dépense supplémentaire de 400 millions de dinars. Dans ce cadre, il a exprimé son vif désir de voir ces talents revenir en Tunisie, notamment dans le secteur financier, et s’engage fermement à œuvrer en ce sens.
Il a même entamé des discussions avec des ambassadeurs pour faciliter le retour de nos talents et les placer dans des institutions financières, avec des salaires à la hauteur de leur mérite. Concernant les deux sujets qui viennent immédiatement à l’esprit lorsque le gouverneur prend la parole, à savoir le code de change et la visite à Washington, il s’est contenté de qualifier cette dernière de réussie. Il n’a pas voulu fournir de détails, tout en précisant qu’il abordera ces sujets au moment opportun.