Parallèlement aux réunions du printemps du FMI/Banque Mondiale, les estimations des spécialistes quant au comportement de l’économie mondiale se succèdent. Il y a une unanimité que le risque de récession mondiale est faible malgré les incertitudes géopolitiques persistantes. Le FMI a légèrement relevé ses perspectives de croissance mondiale à 3,2% en 2024 et prévoit le même taux en 2025. À ce stade, faire dérailler l’économie n’est pas facile, ce qui explique des perspectives de croissance solides.
La série de bonnes nouvelles comprend, entre autres, les excellentes performances économiques des États-Unis et de plusieurs économies de marché émergentes, ainsi que la baisse de l’inflation plus rapide que prévu jusqu’à récemment, malgré une croissance plus faible en Europe.
Au sein du Vieux continent, qui touche la Tunisie directement puisqu’il s’agit de son premier marché, il y a des divergences. Le FMI ayant revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Allemagne, la France et l’Italie, mais les ayant relevées pour l’Espagne, le Portugal, la Belgique et le Royaume-Uni.
Depuis l’automne dernier, les prévisions de croissance ont dû tenir compte d’une instabilité géopolitique accrue, les tensions au Moyen-Orient menaçant le marché du pétrole, tandis que la guerre dans la bande de Gaza a entraîné des perturbations dans les routes maritimes de la mer Rouge, par le biais d’attaques maritimes des Houthis. Tout cela s’est ajouté à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a eu l’impact le plus important sur les prix de l’énergie en Europe en 2022.
Les risques d’une augmentation significative et persistante des prix du pétrole tout au long de l’année 2024 et une nouvelle perturbation des transports entre l’Asie et l’Europe alimenteraient l’inflation en 2024, ce qui inciterait les banques centrales à maintenir les taux à un niveau plus élevé pendant plus longtemps et pèserait sur la croissance mondiale. Selon les estimations du FMI, une hausse constante des prix du pétrole d’environ 15% en 2024 entraînerait une augmentation de l’inflation mondiale d’environ 0,7%. Heureusement, le Brent s’est révélé relativement stable jusqu’à présent, malgré la récente flambée des tensions entre Israël et l’Iran.
Le contexte n’est pas donc très porteur pour la Tunisie, qui doit gérer une demande plutôt faible dans ses principaux marchés et des difficultés pour lever des fonds en devises pour son budget. L’épisode des subsahariens qui utilisent nos côtes pour immigrer illégalement l’Italie vient aussi de commencer, et ce n’est pas de bon augure de point de vue politique.