A l’instar des autres pays de l’Afrique du Nord, le Maroc semble aller tout droit à sa pire saison céréalière depuis 17 ans. Le Royaume est confronté à sa sixième année consécutive de sécheresse, l’obligeant à importer environ 75% de ses besoins de 2024, estimés à plus de 10 millions de tonnes en moyenne, dont environ la moitié en blé.
La production attendue de céréales pour la campagne agricole en cours (2023-2024) ne dépasserait pas 2,5 millions de tonnes, soit une baisse de 54% par rapport à la saison précédente, selon les dernières prévisions émises par la Banque centrale du Maroc. La saison céréalière la plus faible jamais enregistrée au Maroc remonte depuis 2007, lorsque la production a atteint 2,4 millions de tonnes. Au cours des deux premiers mois de 2024, le pays a importé 1,4 million de tonnes de céréales, en provenance de France, d’Allemagne, de Russie, d’Ukraine et de Roumanie.
Le Royaume se classe parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique dans le bassin méditerranéen, ce qui en fait l’un des pays les plus importateurs de blé, et son économie est fortement dépendante de l’agriculture, le secteur contribuant à environ 14% du PIB et emploie 40% de la population.
Même lors des bonnes récoltes, le Maroc a recours aux importations. Heureusement pour les autorités, les prix sont actuellement bas sur le marché international. L’année dernière, le coût de l’importation du blé le plus consommé était d’environ 1,9 milliard de dollars. Les subventions gouvernementales pour les prix de la farine et les subventions pour les importateurs de blé de l’étranger se sont élevées à environ 0,390 milliards de dollars.
Pour faire face à cette situation, Rabat a annoncé en début d’année l’attribution de subventions pour encourager les importateurs à constituer des stocks stratégiques. L’objectif est d’atteindre des stocks de l’ordre d’un million de tonnes, en plus des réserves détenues par les moulins industriels, ce qui permettrait d’assurer quatre à cinq mois de consommation.
Le Marocain moyen consomme 200 kilogrammes de blé par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale, et la superficie plantée en céréales pour la saison en cours s’élève à 2,5 millions d’hectares, ce qui représente en moyenne 71% de la superficie totale des terres arables.