Le contexte économique resserré en Tunisie est reflété, entre autres, dans l’ampleur des comptes courants bancaires débiteurs. Fin novembre 223, ils se sont établis à 9,336 milliards de dinars, un montant loin d’être négligeable.
L’augmentation des volumes des comptes courants débiteurs dans une économie où les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi hauts révèlent quatre vérités.
La première est que l’investissement est totalement en panne et que toutes les ressources des entreprises sont orientées vers l’exploitation. Avec des charges financières lourdes, il n’y a ni création d’emplois, ni suffisamment de marges pour programmer une extension de l’activité. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les indicateurs de chômage et de croissance pour s’apercevoir que c’est réellement la situation actuelle.
La seconde est que les délais de remboursement des clients et des fournisseurs sont très longs. Une banque ne va pas autoriser les dépassements sans que le bénéficiaire lui donne toutes les justifications qu’il a les moyens pour le faire. Cela prend généralement la forme de factures en attente de paiement. Et comme la liquidité manque un peu partout, les délais ne cessent de s’allonger.
La troisième est que les entreprises tunisiennes sont faiblement capitalisées. Dès le lancement, le fondateur d’une entité économique compte sur les crédits bancaires pour fonctionner et se contente d’un capital social faible. Il préfère donner des actifs illiquides en garantie qu’apporter suffisamment de fonds propres. Cela s’applique de la plus petite entreprise qu’aux banques elles-mêmes, qui ont besoin de recapitalisation.
La quatrième est que les ménages exploitent quasiment tout le potentiel de débit possible offert par les banques. La succession des rendez-vous, comme la saison estivale, la rentrée scolaire, la fin de l’année, le mois saint, les fêtes islamiques, sans oublier les échéances des crédits bancaires absorbent des salaires déjà faibles.
Cette situation pèse énormément sur la liquidité des banques et derrière, l’intervention de la Banque centrale. Cela explique, entre autres, la persistance des volumes de refinancement depuis des mois à des niveaux assez élevés.