L’intermédiation en assurance, actuellement réservée aux compagnies d’assurances, aux banques et à leurs réseaux, va connaître prochainement de nouveaux acteurs. Le projet de lutte contre l’exclusion financière a ouvert la voie aux opérateurs de télécommunications et aux institutions de micro-finance (IMF).
S’il s’agit d’une excellente nouvelle pour le secteur, ce n’est pas le cas pour les agents d’assurance déjà installés. Ces derniers ont une structure de charges élevées, avec des bureaux, du personnel et des efforts de prospection. Maintenant, ils risquent de perdre de la clientèle et de voir les perspectives de croissance réduites avec la disponibilité du même service à travers le smartphone, ou dans des locaux plus proches comme les agences de microcrédit ou les boutiques de téléphonie. Nous pensons que cette ouverture soudaine sera contestée par les agents d’assurance dans les semaines qui viennent. La question serait même soulevée par les députés lors de la discussion du texte au niveau des comités et dans la plénière.
Pour les compagnies d’assurances, elles vont bénéficier d’une extension gratuite et immédiatement productive de leurs réseaux. Elles n’ont qu’à trouver des accords avec les intéressés et traiter le flux qui sera généré. Elles pourront se rapprocher davantage du consommateur et lui proposer des produits plus innovants et à coûts réduits. Il faudra tenir compte du fait que la soumission des banques à l’obligation de mettre un moyen de paiement électronique gratuit à leurs clientèles va rendre les produits digitaux d’assurance moins chers et plus attractifs. C’est également une opportunité en or pour les insurtechs, qui peuvent désormais compter sur cette nouvelle réglementation pour s’imposer dans le paysage de cette industrie.
Enfin, pour les IMF et les opérateurs télécoms, c’est une nouvelle source de revenus. Ils vont pouvoir encaisser des commissions grâce à l’afflux qu’ils ont dans leurs points de vente. Leur unique coût sera l’encre qui servira à imprimer les contrats. Ils n’ont qu’à affiner le discours commercial de leurs chargés de clientèle.
Il s’agit d’une transformation majeure pour le secteur qui, comme toute évolution, va créer des bénéficiaires mais fera aussi des victimes.