L’un des aspects les plus importants pour les commerces est le fameux fonds de commerce. Il permet de réaliser des rentrées d’argent importantes une fois acquis et il est même considéré comme le vrai retour sur investissement. Conscient de ce manque à gagner pour les propriétaires, une bonne partie d’entre eux exigent un droit d’entrée pour les nouveaux locataires, même si le local est flambant neuf. Cette pratique s’est même transformée en un handicap pour les jeunes qui cherchent à fonder une activité commerciale et n’ont pas les moyens pour payer une boutique dans un bon emplacement.
Le e-commerce s’est donc transformé en une place idéale pour faire des affaires, sans payer le moindre dinar. Tout est virtuel, permettant d’offrir des marchandises et des services à prix compétitifs. Les marchandises peuvent être stockées chez soi et le transport est facturé par le client qui commande. Cet asset-light model est en train de mettre de la pression sur les commerçants qui ont des locaux réels et souffrent aujourd’hui d’une concurrence qui met en péril leur existence. Il suffit de faire un petit tour dans les différents quartiers du Grand Tunis pour constater que plusieurs boutiques de prêt-à-porter, de chaussures ou de petits services ont fait place à des cafés ou des restaurants.
Cela nous renvoie à deux questions fondamentales. La première est la valeur réelle d’un fonds de commerce en béton et en brique. Est-ce que cela vaut la peine de payer des dizaines de milliers de dinars alors que la même activité peut être assurée en ligne? C’est le grand dilemme aujourd’hui, surtout que le mode de consommation est en train de changer en profondeur. Payer un tel prix aujourd’hui ne signifie pas le récupérer dans l’avenir.
La seconde est le fonds de commerce électronique. Un fonds de commerce classique comprend une universalité de biens corporels, notamment des marchandises et du matériel, et incorporels, tels que le nom commercial, l’enseigne ainsi que la clientèle. Ces éléments sont aussi présents dans le e-commerce, avec quelques spécificités. Le droit au bail, qui est l’hébergement du site, a une faible valeur. Par contre, la clientèle est diversifiée et elle n’a pas de limite géographique, ce qui lui confère une grande valeur. Quant aux éléments incorporels, la liste comprend le nom de domaine, la charte graphique et le fichier clients.
La valorisation d’un fonds de commerce électronique est donc une mission compliquée. Généralement, la vente concerne tout le site et ce qui est pris en compte, c’est plutôt le chiffre d’affaires. Ce problème se posera dans les prochaines années en Tunisie, lorsque les plateformes qui opèrent aujourd’hui atteignent la maturité. Cela n’empêche pas de travailler sur cet aspect, surtout si les propriétaires comptent, à terme, céder l’affaire.