Pendant 23 ans, elle était banquière. Un métier qui la passionnait. Pourtant, elle fait un saut dans l’entrepreneuriat social en 2018. Elle fonde ‘AfrikanThings’ pour fabriquer des produits de beauté artisanaux à base de plantes. Un saut qui répond à une inspiration impérieuse.
Emma Kouandi Kouamé se rappelle: «En 2016, j’étais à Marrakech avec ma fille. J’ai visité de petits villages et j’ai vu que les femmes travaillaient des produits exceptionnels. Ma fille m’a convaincue de ramener des produits en Côte d’Ivoire et je me suis demandé pourquoi ne pas promouvoir nos propres produits. J’ai commencé par le beurre de karité qui est passe-partout. Et aussi le beurre de cacao, différentes huiles, des savons (le safou et le carapa)».
Ce n’est pas sa seule motivation: «Nous utilisions des produits venant de l’étranger et ma fille cadette a développé une allergie au parfum. Ma mère m’a recommandé une huile locale qu’elle utilisait depuis toujours. Je l’ai appliquée à ma fille et elle n’avait plus d’allergies. Je me suis alors mise à réfléchir à développer nos produits. Aujourd’hui, tous mes produits sont ivoiriens. J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver les bons produits et les bonnes formules. Pa seulement pour la beauté mais aussi pour les démangeaisons, acnés, piqûres de moustiques, massages, psoriasis… Nos produits cosmétiques et diététiques se basent sur les plantes. Nos accessoires sont faits-main, surtout en recyclage. J’ai été accompagnée par l’Institut européen de coopération et développement dans l’élaboration de mes infusions».
Avec cela, sa fibre sociale se cristallisait. Elle a vu le potentiel de toutes ces femmes de la chaîne de transformation de l’huile dans les villages reculés. Elle voulait les mettre en lumière, promouvoir l’ouvrage de leurs mains. «Je voulais faire travailler des jeunes filles ouvrières, marginalisées ou handicapées».
Et elle a une foule de projets avec elles. Elle se projette déjà dans quelques années. Les commandes augmentent, notamment chez les supermarchés et supérettes et elle sait qu’elle doit s’acclimater. Cela passe par mécaniser la production et recruter plus de personnel.
Côté financement, elle se base sur ses fonds propres et sur la GIZ qui l’a aidée pour l’assistance technique. Mais, à moyen terme, elle envisage un crédit d’appoint selon la progression. Essentiellement pour des équipements et des machines.
«Mon rêve est d’étendre mon initiative au plus grand nombre de villages et d’imposer nos produits dans les habitudes de consommation des ménages en Côte d’Ivoire, puis en Afrique et ailleurs. Certains nous ont proposé de vendre en France, au Canada, au Congo et aux USA. Et je suis d’ailleurs intéressée par une coopération avec la Tunisie. Je suis déjà en contact avec une entreprise tunisienne de parfumerie. Les Africains doivent se serrer les coudes, n’est-ce pas?».