«La dimension transversale de genre est indispensable pour WEFE Nexus. Les femmes de la Méditerranée, gardiennes de l’eau, doivent s’unir pour que la culture méditerranéenne ne soit pas détruite et que les générations futures puissent en bénéficier. Des exemples de success stories existent, nous pourrions nous en inspirer. Mais il faut aussi faire attention à ce que l’accès au financement ne se transforme pas en ‘accès à la dette’!», résume Soukeina Bouraoui, directrice exécutive du Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche et membre fondateur de la Fondation euro-méditerranéenne des femmes (FFEM).
Elle a saisi l’occasion de la Journée de la Méditerranée, le 28 novembre, pour organiser un débat en profondeur sur les enjeux de la Conférence internationale des parties de l’ONU sur le changement climatique qui se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï dans le cadre de la COP 28.
C’est la femme qui a inventé l’agriculture
Au centre des conférences, projets, expériences et récits de terrain, une conviction: les femmes rurales sont au cœur du WEFE Nexus. WEFE pour water/energy/food/ecosystem. Et Nexus pour le programme de la FAO sur la résilience des systèmes alimentaires face au climat et aux conflits dans la région méditerranéenne.
Pour le 28 novembre, l’ambition de la FFEM est de rassembler associations, journalistes, ONG, représentants du secteur privé, acteurs locaux et partenaires de projets européens tels que WEFE/Prima. Ce programme de l’UE a l’objectif de développer des systèmes agroalimentaires plus durables et promouvoir la gestion intégrée de l’eau.
Ali Rhouma, responsable du projet Prima, analyse les défis du WEFE Nexus dans la région méditerranéenne: «Les ressources en eau sont menacées par la surexploitation des nappes et des cultures intensives. Pour réduire les gaz à effet de serre, on utilise de l’hydrogène, et on menace donc les ressources en eau. Utiliser les énergies renouvelables mène au pompage excessif. Devant ces challenges, les ministères ne communiquent pas entre eux, les parties prenantes ne sont pas informées… Il faut anticiper; et pour cela, des solutions Nexus peuvent aider à identifier les compromis, les solutions simples comme la récupération des eaux pluviales avec des marais artificiels…».
Mondher Khanfir explique pourquoi l’intégration de la dimension de genre est cruciale pour WEFE Nexus: «C’est la femme qui a inventé l’agriculture dans la préhistoire. Elle a commencé par la domestication des animaux et des végétaux. Soukeina Bouraoui dit aussi que «la femme est la gardienne de l’eau. Et cette tradition qui s’est poursuivie depuis des millénaires est reprise par Nexus qui n’est rien d’autre qu’un moyen de réinventer l’agriculture. Je suis même convaincue qu’il faut inventer un nouveau sens pour la ruralité et l’ériger en devoir de service national».
Une journée spéciale par ses attentes
Et le débat se poursuit avec Al Motaz Abdi (représentant de l’UPM) sur la signification du 28 novembre pour la Méditerranée, Mourad Bellassoued (DG du département de la recherche, au ministère de l’Enseignement supérieur -Tunisie), Octavi Quintana (directeur de Prima), Antonella Autino (WEFE Nexus), Fadhel Mhiri sur le transfert de technologies…
Egalement des projets sont soutenus par PrimaMed (WEFE4MED par Fadi Comair, Bonex par Olfa Mahjoub, Fit4Reuse par Atef Jaouani et Sure Nexus par Rachid Mrabet et Ali Gharsallah). Des expériences et récits de terrain d’Amina Cheballah (Algérie), Lynda Fazia Djouaher (Algérie), Amal Mekni (GDA Albaraka Béja,Tunisie), Amira Makhlouf (GDA Ezzemnia Maamoura,Tunisie), Ibtissem Kobaa (GDA Albaraka Médenine,Tunisie), Laila Mastouri (SMSA Lella Kmar Elbaya,Tunisie), Corinne Abbassi (startup ‘L’ombre du palmier’,Tunisie), Soukaina Mansouri (startup ‘Lithops’,Tunisie) et Raoudha Gafrej, Latifa Bousselmi, Nathalie Pilhes (FFEM), Leila Chikhaoui (ministre de l’Environnement).
Structurée en réseau de réseaux, la FFEM se dévoue pour faire avancer la lutte pour l’égalité des droits des femmes et des hommes à participer à la vie politique, économique, civile et sociale…
De cette journée, elle garde au moins 3 attentes: d’abord, faire prendre conscience que l’approche doit être globale, comme le montre la méthodologie WEFE Nexus. Ensuite, construire des partenariats qui facilitent la reproduction des bonnes pratiques et des pratiques communes, notamment dans le cadre de la COP. Enfin, attirer l’attention sur le 5e Forum méditerranéen de l’eau qui se tiendra à Tunis du 5 au 7 février 2024.