Le projet Investmed qui vise à relever les défis économiques et environnementaux, en soutenant les startups et les porteurs de projets, a conclu les 28 et 29 novembre une série de workshops dédiés à ses bénéficiaires. Il s’agit du troisième événement final visant à évaluer les progrès des startups ayant bénéficié du programme Investmed. Ces entreprises ont été soutenues à travers des sessions de coaching, de mentoring et des subventions financières pour développer leurs projets, produits, ainsi que leurs stratégies de communication et de marketing. Le projet s’est déroulé de 2020 à 2023, cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du programme ENI CBC Med.
Les discussions ont tourné autour des défis rencontrés pendant la période d’incubation, abordant les problématiques spécifiques des secteurs des industries créatives et industrielles, de l’économie verte et bleue. Des ateliers sectoriels ont permis des échanges avec des experts, comprenant également une formation sur le “pitching” pour se préparer à présenter devant des investisseurs, des institutions financières, ainsi que des sessions B2B pour favoriser le réseautage et des partenariats fructueux, le tout dans le but d’assurer la durabilité des projets.
L’événement a convié un ensemble d’investisseurs et de parties prenantes de premier plan, parmi lesquels Wael Rashidy, directeur général de Guiders Mentors and Consultants, basée en Égypte, qui a partagé son rôle d’implementor de mentorat et de coaching pour les startups. Il a expliqué que son organisation investit dans les startups montrant du potentiel, mais avec un critère de sélection: elles doivent avoir au moins un an depuis leur lancement, avec des produits déjà sur le marché. Rashidy est intervenu plusieurs fois pour parler des défis et comment les surmonter afin de trouver des financements. Chaque entrepreneur a eu la chance de présenter son entreprise à un panel d’investisseurs, marquant ainsi la prochaine étape de son parcours professionnel après la formation et la subvention Investmed. Etaient également présents IM Fndng du Liban et STB Bank de Tunisie.
L’événement a créé une plateforme interactive pour que les startups discutent de leurs défis et de leurs progrès grâce au projet Investmed. Parmi les défis identifiés, l’accès au capital, le financement, l’accès au marché et la demande de certification ont été mis en avant. Les discussions ont ensuite été éclairées par Constantin Salameh, expert en coaching, qui a souligné l’importance d’instaurer des pratiques efficaces pour favoriser la croissance. Durant la discussion, il a été noté que les attentes des consommateurs évoluent, exigeant un engagement accru. Pour y parvenir, les entrepreneurs doivent établir des relations solides avec des personnes fidèles, des partenaires de confiance prêts à apporter leur soutien face aux défis. L’absence de telles personnes nécessite une stratégie pour les attirer, en cherchant des individus partageant les mêmes valeurs que les entrepreneurs. Ces individus, identifiés comme des advisors, doivent posséder une expertise spécifique et consacrer du temps pour guider et aider.
Parmi les autres bonnes pratiques évoquées, il a été souligné l’importance de poser les bonnes questions et d’y apporter des réponses claires et pertinentes. «Par exemple, il est essentiel de comprendre pourquoi un investisseur choisirait d’investir dans votre entreprise», précise Salameh, car la réponse doit être claire et parfaitement formulée. De plus, il est crucial de définir précisément l’utilisation des fonds obtenus.
Dans la session de plaidoyer, animée par la chercheuse principale, le Dr Yeganeh Forouheshfar, et Chekib Ben Mustapha, associé chez Mond Beratung et conseiller en politiques et gouvernance, Aslan Berjeb, président de la Conect, a critiqué la loi de finances de 2024 pour son absence de stratégie claire concernant l’entrepreneuriat et le soutien aux startups. Cependant, Douja Gharbi, CEO de RedStart Tunisie, a souligné que les entrepreneurs sont là pour trouver des solutions que l’Etat n’a pas pu trouver, parce que ces jeunes-là sont créatifs et innovants. Elle a également souligné l’importance de «l’éducation des enfants sur l’économie verte pour façonner le mindset et la culture de l’entrepreneuriat», a ajouté la CEO de RedStart Tunisie.
Mohamed Ben Ahmed, CEO et fondateur d’Aquadeep, une startup tunisienne spécialisée dans l’économie bleue, a partagé son point de vue entrepreneurial. Il a présenté l’activité d’Aquadeep axée sur l’aquaculture, mettant en avant des systèmes innovants développés avec son équipe. Ces systèmes, basés sur l’intelligence artificielle, optimisent les charges et réduisent la mortalité dans les écloseries et les exploitations aquacoles. Il a profité de l’occasion pour expliquer aux PME et aux startups présentes leur approche en matière de financement pour la recherche et le développement. Ben Ahmed a souligné l’importance de développer des systèmes, de les commercialiser pour obtenir des fonds propres, puis de considérer sérieusement l’intégration d’investissements. “Il est préférable de développer des systèmes et de les vendre pour se financer, puis de pousser au maximum l’idée d’intégrer un investissement afin d’avoir un levier de négociation fort vis-à-vis des fonds d’investissement, des business angels ou de toute autre structure d’investissement”, a ajouté Ben Ahmed. Il a également souligné que, une fois le marché local et national validé, l’entreprise pourrait envisager des prêts bancaires pour externaliser et augmenter les ventes de leurs produits, en vue de conquérir les marchés internationaux.
En somme, l’événement Investmed a non seulement permis de mettre en lumière les succès des startups tunisiennes mais a également ouvert des discussions cruciales sur les défis et les opportunités de l’entrepreneuriat dans le pays.