La récente convention de financement pour une centrale solaire de 120 MW à Kairouan et le projet Elmed pour l’interconnexion électrique avec l’Italie sont des avancées prometteuses. Cependant, suffisent-elles à exploiter le plein potentiel des énergies renouvelables en Tunisie? Malgré le soleil continuant de briller en octobre et le vent qui s’ajoute à cette toile de conditions météorologiques favorables, une ombre persiste sur ce secteur. En effet, la production nationale d’électricité à partir d’énergies renouvelables ne dépasse toujours pas les 3% de la production totale.
C’est dans ce contexte que l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme) a organisé le 12 octobre une table ronde sur les Énergies renouvelables en Tunisie: états des lieux et perspectives. Cet événement a été l’occasion pour des experts de l’énergie et des représentants gouvernementaux de discuter des lois et réglementations en vigueur, des incitations à l’investissement, ainsi que des expériences d’entreprises du secteur.
Nafaa Baccari, directeur des Énergies Renouvelables à l’Anme, a discuté des régimes juridiques liés à la production d’électricité d’origine renouvelable, en mettant l’accent sur l’auto-production. Il a expliqué les différentes approbations nécessaires, notamment la suppression, dès 2022, de l’approbation pour les installations raccordées au réseau basse tension et moyenne tension de moins de 1 MW . Pour les installations raccordées au réseau moyenne tension ou haute tension dépassant 1 MW, une autorisation est délivrée par le ministre chargé de l’énergie. A cet effet, Abdelhamid Khalfallah, directeur transition énergétique chez Ministère de l’énergie a expliqué que «cette nouvelle procédure simplifie considérablement le processus en remplaçant un arrêté, qui prenait plusieurs mois». Et d’ajouter que «le ministère travaille maintenant sur l’élaboration d’une plateforme pour digitaliser ces procédures».
En outre, la loi n°2019-47 vise à faciliter les investissements en simplifiant les procédures administratives et en éliminant les obstacles juridiques. Bien qu’elle ne se concentre pas sur les énergies renouvelables, elle modifie la loi n°2015-12 pour les projets d’autoconsommation raccordés au réseau Moyenne Tension. Elle autorise les collectivités locales et les entreprises à créer des sociétés pour produire de l’électricité à partir d’énergies renouvelables pour leurs besoins et à vendre l’excédent à la STEG. De plus, elle permet l’implantation de projets sur des terrains d’État ou de collectivités locales, sous réserve de l’intérêt national. Enfin, les porteurs de projet ne sont plus dans l’obligation de changer la vocation agricole des terrains pour les projets d’énergies renouvelables.
Un aspect crucial de la réunion a été l’introduction des incitations financières pour les investissements dans les énergies renouvelables. Le Fonds de Transition Énergétique offre des primes à l’investissement matériel et immatériel pour les projets d’auto-production. Les investissements matériels comprennent les installations photovoltaïques, éoliennes, biomasse, et d’autres projets d’énergies renouvelables. Soit une subvention de 20% de l’Investissement HT plafonnée à 200 000 Tnd. Quant aux investissements immatériels, ils englobent les études de faisabilité, l’assistance technique et d’autres investissements non matériels avec des investissements HT respectifs plafonnée à 30 000 Tnd, 70 000 Tnd et 70 000 Tnd.
Le dialogue s’est ensuite ouvert aux représentants d’entreprises actives dans des projets des énergies renouvelables, dont TT, Poulina Group Holding et Coficab, qui ont partagé leurs expériences et leurs réussites dans le domaine de l’énergie propre en Tunisie.
Nafaa Baccari s’est réjoui de la collaboration avec Tunisie Télécom, qualifiant cette expérience «d’initiative pionnière». L’Anme apporte un soutien à TT en aidant à l’élaboration du cahier des charges, à l’évaluation, à la réalisation des projets, ainsi qu’au suivi post-réalisation.
Il a souligné l’engagement de cet opérateur téléphonique dans le développement des projets d’autoproduction, ce qui a contribué à promouvoir le secteur de l’énergie renouvelable du pays. Cette initiative a également encouragé d’autres opérateurs à entreprendre des actions similaires, créant ainsi un environnement compétitif dynamique dans ce domaine.
De son côté, Jaafar Khaskhoussi chef division à TT a affirmé que l’Anme les a soutenu dans tous les projets de transition énergétique. «De 2007 à 2011, sans investissement, on a contribué à réduire la facture de la STEG. Cette réduction inclut l’élimination des pénalités de la facture STEG, la révision de la puissance souscrite (tension de livraison), ainsi que l’amélioration de la qualité de l’énergie», nous affirme Khaskhoussi. TT a mené également d’autres projets, tels que les splits Inverter, qui permettent de réduire d’environ 30% la consommation énergétique par rapport à un climatiseur traditionnel.