En proie à une inflation infernale, les autorités égyptiennes ont dévoilé une série de mesures visant à alléger les pressions financières qui pèsent sur les ménages. L’indice des prix à la consommation s’est envolé de 40% jusqu’à fin août, avec 71,4% pour les aliments et les boissons. Parmi les décisions prises, il y a celle d’une augmentation du salaire minimum pour les travailleurs du secteur public et des ajustements aux exonérations de l’impôt sur le revenu.
Selon les nouvelles dispositions, le salaire minimum pour les employés du secteur public passera de 3 500 EGP (357 Tnd) à 4 000 EGP (408 Tnd). En outre, une allocation spéciale de 600 EGP (61 Tnd) sera accordée aux employés de divers secteurs, y compris l’appareil administratif de l’État et les entreprises publiques.
Les exonérations de l’impôt sur le revenu ont également été révisées, le seuil annuel augmentant de 25%, passant de 36 000 EGP (3 671 Tnd) à 45 000 EGP (4 589 Tnd), pour tous les travailleurs de l’État.
Mais augmenter les salaires au pic d’un cycle inflationniste ne fera que l’alimenter encore. De plus, ces mesures ont provoqué une question légitime sur l’intention des autorités égyptiennes à dévaluer, encore une fois, la livre. Il y a un blocage dans les discussions avec le FMI autour de cette question, alors que l’année prochaine s’avère déjà compliquée.
Selon l’agence de notation Fitch Ratings, les paiements d’intérêts de l’Égypte devraient à eux seuls absorber plus de 50% des recettes publiques en 2024. Avec les pressions des pays du Golfe, premiers bailleurs de fonds du pays, il est fort probable que Le Caire se plie aux demandes de toucher le taux de change.
Ce qui va se passer dans le dossier de la dette égyptienne va directement nous toucher. En fait, Bloomberg a classé la Tunisie à la quatrième place sur la liste des pays ayant le risque de défaut le plus élevé, derrière l’Egypte. Certes, sa situation est de loin plus grave que la nôtre, et nous pensons même que nos fondamentaux sont sous-évalués. Néanmoins, les marchés internationaux vont répercuter tout signe de faiblesse égyptienne sur le spread de dette tunisien. Il faut donc surveiller de près ce qui se passera du côté du Nil.