Le groupe Meta a commencé, hier, le 1er août à bloquer l’accès des Canadiens aux contenus médiatiques sur Facebook et Instagram en réponse à la nouvelle loi obligeant les géants du numérique à rémunérer les éditeurs pour le trafic qu’ils génèrent.
En effet, les liens et le contenu affichés par les médias canadiens et étrangers ne sont plus visibles pour la population canadienne sur les deux plateformes. Des captures d’écran partagées sur les réseaux sociaux ont déjà montré des comptes de médias inaccessibles, dont un contenu de Radio-Canada bloqué quelques minutes après sa publication.
Adoptée en juin dernier, la loi C-18 sur l’information en ligne vise à soutenir le secteur canadien des médias qui est en difficulté. Cette loi oblige les différentes plateformes numériques tels Facebook et Instagram à négocier des accords commerciaux équitables avec les médias locaux pour l’utilisation de leur contenu sur leurs plateformes.
Cette décision de Meta a été qualifiée d'”irresponsable” par la nouvelle ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, qui souligne que 80% de tous les revenus publicitaires en ligne au Canada vont à Meta et à Google.
D’un côté, Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, soutient que la loi est basée sur une “idée erronée” selon laquelle la plateforme bénéficierait de façon inéquitable du contenu partagé par les médias. Ils affirment que c’est plutôt les médias qui utilisent volontairement ces plateformes pour accroître leur lectorat et augmenter leurs bénéfices, et que l’actualité n’est pas ce qui attire les utilisateurs.
Cette mesure controversée de Meta est également observée de près par Google, qui prévoit d’adopter une mesure similaire lorsque la loi prendra effet dans quelques mois. Le bras de fer entre les géants de la Silicon Valley et le Canada pourrait ainsi se poursuivre dans un contexte où d’autres pays envisagent d’imposer des lois similaires pour faire face aux défis liés à la rémunération des médias.
Cette confrontation soulève des questions importantes concernant le rôle des géants du numérique dans l’écosystème médiatique, l’avenir de la presse libre et indépendante, ainsi que l’équilibre entre les intérêts commerciaux des plateformes et le soutien à la diversité et la viabilité des médias.