La Tunisie est confrontée à un contexte d’incertitude économique notamment au niveau du secteur bancaire, selon le rapport de Standard & Poor’s publié aujourd’hui, lundi 20 janvier 2023.
En effet, selon la même source, la pandémie de Covid-19 et l’incertitude politique ambiante ont pesé sur l’activité économique de la Tunisie ces dernières années. Selon le FMI, la croissance économique du pays devrait atteindre 1,6% en 2023. Cependant, les déficits budgétaires et extérieurs atteindront probablement un total cumulé de 13% du PIB.
En outre, l’exposition des banques à l’État reste importante, à 83% du total des fonds propres au 31 août 2022 (y compris les prêts directs à l’administration publique), contre 5,1% fin 2010. Bien que cette proportion soit inférieure à celle observée dans certains systèmes bancaires homologues, elle représente une source de risque importante compte tenu du manque de visibilité sur la manière dont le pays financera son déficit jumeau.
Globalement, les calculs de l’agence montrent qu’un défaut souverain tunisien pourrait coûter au système bancaire entre 4,1 et 7,6 milliards de dollars, soit 8,0 à 14,8% du PIB nominal prévu à la fin 2023. Ces calculs ne tiennent pas compte des effets potentiels d’une forte dépréciation du dinar tunisien qui pourrait accroître ces coûts.
Standard & Poor’s a développé trois scénarios hypothétiques basés sur les effets potentiels sur le système bancaire du pays.
Stress faible
S&P s’attend à ce que la mise en œuvre des réformes soit susceptible d’accroître progressivement la confiance et de relancer les investissements du secteur privé. L’économie devrait progressivement se redresser et les finances publiques et extérieures du pays devraient retrouver une trajectoire viable. Autrement dit, ces analyses financières supposent que la Tunisie conclura un accord avec le FMI d’ici la fin du premier trimestre 2023. Ce premier scénario prévoit que le pays mobiliserait également une aide bilatérale suffisante des pays du Conseil de coopération du Golfe pour financer ses déficits.
Stress modéré
Quant au deuxième scénario, le rapport de Standard & Poor’s suppose que la Tunisie conclura un accord avec le FMI, mais que la mise en œuvre des réformes reste incertaine, ce qui se traduit par une mobilisation de fonds inférieure aux besoins.
En effet, selon la loi budgétaire tunisienne, le pays doit mobiliser 14,8 milliards de TND de dette extérieure en 2023. S’il ne mettait pas en œuvre des réformes, le soutien bilatéral et multilatéral diminuerait probablement et la Tunisie serait probablement obligée de réduire ses dépenses.
Compte tenu de la structure du gouvernement et de la prédominance des salaires publics – qui représentent 42% des dépenses totales, selon le budget 2023 –, il est probable qu’il réduise de manière agressive les subventions (16% des dépenses), qu’il réduise encore les investissements (9%) et qu’il accumule les arriérés.
Dans le cadre du scénario de stress modéré, S&P dit s’attendre également à une dépréciation du dinar tunisien par rapport aux principales devises et à une forte augmentation de l’inflation. Cela entraînerait probablement une réaction plus forte de la BCT et une pression supplémentaire sur la capacité de remboursement des entreprises et des particuliers.
Stress sévère
Ce scénario estime que le pays n’est pas en mesure de convenir d’un programme avec le FMI et que son incapacité à mobiliser des ressources extérieures entraîne un défaut de paiement de la dette souveraine, tant en monnaie locale qu’en devises.
D’ailleurs, l’absence de soutien entraînerait probablement une instabilité majeure de la balance des paiements, des finances et de la monnaie. Elle pourrait également conduire le pays à faire défaut sur ses obligations financières.