Si la 8e Conférence RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise), organisée par la Conect et ses partenaires le 26 octobre, a suscité des interrogations, c’est sans aucun doute sur l’effet d’entraînement que pourrait avoir l’économie circulaire dans notre pays. Il faut dire que la RSE est souvent considérée comme un portail magistral vers un modèle économique durable limitant les gaspillages et tenant compte de l’impact social et économique de l’entreprise: l’économie circulaire.
C’est l’idée qu’est venue ‘vendre’ Zoé Luçon, de l’Anima Investment Network, en tant que Lead Partner de Cluster4Green national sustainable investment frameworks dont l’essence est la création d’opportunités économiques par la promotion et le développement de l’économie circulaire méditerranéenne.
Check-list pour entreprises intelligentes
Au fil de ses interventions, Zoé Luçon déploie une série d’idées qui dépasse le cliché du «développement durable est à l’ordre du jour» pour aller directement à la phase opérationnelle. Nous en avons tiré une check-list:
– La RSE et l’économie circulaire étant obligatoires pour les entreprises européennes, elles le sont par ricochet pour les entreprises tunisiennes
– Il faut regarder au-delà des frontières pour en saisir les enjeux
– Les carottes et les bâtons vont arriver, il faut en profiter
– Attention aux retombées
– Les projets doivent avoir recours à la sous-traitance locale
– Adapter les mécanismes de soutien
– Entamer l’adaptation des usines en facteur de la dimension électricité
– Préciser la stratégie de l’entreprise en matière de sourcing, d’achats locaux, de recours aux énergies renouvelables
– Mener des stratégies pour se refléter dans le rating à la dimension internationale
– Comprendre qu’un passeport RSE va avoir de plus en plus de sens.
Une check-list que l’on pourrait étoffer par les propositions des autres experts qui se sont exprimés lors de la conférence
Chokri Mezghani, DG au ministère de l’Environnement et du Développement durable: “Il faut rehausser notre ministère au niveau de l’échiquier politico-administratif; il faut concevoir des stratégies d’économie circulaire dans le cadre de l’éradication de la pauvreté et de la préservation des ressources et de l’écosystème”.
Meriam Ben Boubaker, directrice du Contrôle de gestion & vice-présidente COGEREF: “Il faut impliquer les partenaires publics et les organisations, les universités, les experts dans les stratégies RSE; la RSE doit reposer sur le volontariat, il faut parler des coûts mais aussi des retours sur investissement; pour l’application, il faut s’adapter à la culture du pays et de l’entreprise”.
Néjia Gharbi, DG CDC: “Il faut consolider la démarche RSE en essayant d’intégrer dans chaque programme des objectifs à atteindre (emploi, genre, dév. durable…), une manière d’investir autrement et d’être plus impactant; notre rôle est de faire du ciblage avec un premier diagnostic d’éligibilité puis le must de respect environnemental”.
Bilel Sahnoun, directeur général de la BVMT: “Il faut créer des champions-locomotives en RSE, le référentiel RSE actuel doit être étoffé par des process de comparaison, nous devons drainer une partie des fonds de l’ONU destinés aux investissements responsables; on doit sélectionner les meilleurs élèves et développer un indicateur à partir d’eux”.
Ismaïl Ben Salha, DG des Laboratoires SVR Tunisie: “Il faut toucher les entreprises différemment, entre la carotte et le bâton, nos efforts doivent commencer dès l’école, quand les enfants s’interrogent; la notion de motivation et d’obligation doit aller crescendo”.
Mélodie Meranda, responsable de projets au département RSE du groupe Afnor: “Il ne faut plus hésiter, car la RSE veut des leaders, pas des suiveurs; les évaluateurs doivent être des experts qualifiés; il faut saisir les opportunités offertes par Responsability Europe; en Tunisie, il y a des experts et il faut les solliciter”.
Dhafer Saidane, directeur de l’OIFD et MSc SFF SKEMA Fintech SPI: “Nous devons maintenir une notion de mesure d’impact; il faut être très humble face à cette problématique; il faut dépasser la phase des palabres; il est important que l’on sache que rien n’est stabilisé; la hard law et la soft law doivent être toutes deux prises en compte; les collaborateurs doivent devenir des ambassadeurs; il faut éviter le copy-past; il faut que tous participent le 5 novembre à l’université de Sfax au séminaire sur l’implémentation de l’économie circulaire”.
Imed Gharbi, expert label RSE Tunisie: “La RSE doit être adaptée aux conditions tunisiennes; nous devons travailler à la garantie apportée par le label à la dimension internationale”.
Dalila Ammar, experte en changement climatique: “L’énergie doit être au cœur de toutes les actions RSE; l’audit énergétique est obligatoire pour certains secteurs; les entreprises doivent approcher l’ANME pour la mise en œuvre des performances énergétiques avec des subventions assez conséquentes”.