Pas de missions supplémentaires, ni de temps passé en plus au bureau. Fini de lire les mails pros en dehors de ses heures de travail à la maison. C’est ainsi qu’on définit de nos jours la dernière tendance du travail: “la démission silencieuse”.
Lorsqu’on entend parler de “démission”, on pense systématiquement à l’abandon du travail ou même à un manque d’attrait pour son activité professionnelle, or ce n’est pas vraiment le cas. Il s’agit plutôt d’une réponse à une culture d’épuisement professionnel où les employés refusent d’accomplir des tâches pour lesquelles ils ne sont pas payés.
En effet, les employés de nos jours refusent l’idée de tout donner à leur travail. Ils ne font que le strict minimum, sans se mobiliser davantage, et n’effectuent donc que les tâches intégrées noir sur blanc dans leur contrat et pour lesquelles ils sont payés.
Maria Kordowicz, docteure en philosophie, considère que les individus ne souscrivent plus à la culture qui fait passer le matérialisme et les profits avant les valeurs centrées sur l’humain, telles que la compassion et l’épanouissement personnel.
“Il se peut que les employés désireux de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée cessent de se surpasser sur leur lieu de travail, par exemple en ne travaillant pas en dehors des heures de travail qui leur sont allouées ou en ne faisant plus passer une productivité acharnée avant leur bien-être”, poursuit-elle.
Karine Trioullier, architecte de carrière, explique dans une vidéo TikTok que cette tendance renvoie à l’idée de “refuser d’assumer des responsabilités qui ne font pas partie de la description de du poste: tu restes en poste, tu fais ton travail professionnellement, mais tu refuses les heures supplémentaires, tu refuses de répondre aux e-mails ou au téléphone en dehors des horaires de travail”.
Dans une déclaration au site “verywellmind”, Elena Touroni, consultante psychologue et cofondatrice de la Chelsea Psychology Clinic, estime que la cause majeure de cette pratique renvoie à un réel manque de reconnaissance, surtout lorsque les salariés ont fait d’énormes efforts pour remplir les exigences de leur travail. “Cela peut conduire à les démotiver et à s’effacer mentalement, et leur comportement se transforme alors en démission silencieuse”.
En se référant à “Midi Libre”, cette notion popularisée sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok en ce moment, a été mise en lumière par le journal anglais ”The Telegraph”. D’ailleurs, les vues sur l’ensemble des vidéos portant le hashtag #quietquitting ont atteint 11.3 millions de vues ces derniers temps, selon le site “verywellmind”.
Cette tendance nous rappelle qu’il faut toujours nous efforcer de trouver un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée – en veillant à ce que notre travail ne domine pas tout notre temps d’éveil, tout en restant présent et intéressé par ce qu’on fait professionnellement, selon les propos de la consultante psychologue Dr Elena Touroni.
De son côté, Maria Kordowicz souligne que la démission silencieuse est “un effort conscient pour préserver notre bien-être dans notre façon de travailler et nous délimiter davantage en fonction de nos besoins de développement, plutôt que de risquer l’épuisement en travaillant de longues heures ou en nous définissant simplement par notre travail, contribuant ainsi à préserver notre santé psychologique”.