Le relèvement post-Covid, une opportunité pour stimuler le développement dans la région. Une gouvernance réactive, des économies plus diversifiées, des sociétés inclusives et une transition verte sont essentielles pour parvenir à un développement durable et inclusif et prévenir les chocs et les catastrophes futurs.
Alors qu’ils explorent des voies pour se remettre des impacts de la pandémie de Covid-19, les États arabes doivent agir rapidement, de manière décisive et à une plus grande échelle pour évaluer et renforcer leurs capacités et mettre en place des structures institutionnelles efficaces et dignes de confiance qui peuvent soutenir un nouveau contrat social et permettre aux sociétés de faire face aux chocs et catastrophes futurs – selon le Rapport arabe sur le développement humain (RADH) 2022 que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé mercredi.
“De nombreux pays de la région arabe continuent d’avoir des difficultés à surmonter les effets socio-économiques dévastateurs du COVID-19, qui sont aujourd’hui
aggravés par une crise alimentaire, énergétique et financière mondiale sans précédent, dû à la tragique guerre en Ukraine », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD. « Ce nouveau rapport analyse comment les pays de la région peuvent retrouver les gains durement acquis en matière de développement humain à travers des efforts concertés dans quatre domaines clés. Cela inclus l’instauration d’économies diversifiées et compétitives ; former des gouvernements responsables et réactifs fondés sur la protection des droits de l’homme ; encourager des sociétés inclusives et solidaires ; et faire avancer un plan de relance verte avec le développement humain durable au centre.”
Produit par le Bureau régional du PNUD pour les États arabes (RBAS), le RADH 2022 s’intitule “Élargir les possibilités d’un relèvement inclusif et résilient à l’ère post-covid”. Il s’agit du septième rapport de la série RADH, qui marque 20 ans d’analyse approfondie des défis et des opportunités de développement dans la région des États arabes depuis le lancement du rapport fondateur RADH en 2002. Le rapport examine les impacts de la pandémie sur le développement humain dans la région, ainsi que les mesures prises par les États arabes pour contenir la pandémie et atténuer ses effets les plus néfastes sur leurs populations et leurs économies.
Le RADH 2022 soutient que pour remettre le développement humain sur les rails à l’ère post pandémique, il faudra redoubler d’efforts pour rendre les systèmes
de gouvernance plus responsables et plus réactifs, les économies plus diversifiées et plus compétitives, et les sociétés plus solidaires et inclusives-afin de garantir un relèvement résilient pour tous.es.
“La région des États arabes a connu diverses vulnérabilités et se distingue par la diversité de ses contextes de développement-mais l’émergence rapide de la pandémie mondiale les a tous mis à mal à des degrés divers, en présentant de nouveaux défis et en exacerbant les vulnérabilités. Mais comme nous l’indique le rapport, les vulnérabilités ne sont pas une fatalité”, a déclaré Khalida Bouzar, administratrice adjointe du PNUD et directrice de RBAS. “Pleine de potentiel et débordante d’efforts innovants, la région a adopté de nombreuses mesures de réponse positives qui pourraient être étendues et renforcées au-delà de la réponse Covid. Des connaissances et des solutions pour relever les défis de la région existent. Beaucoup sont déjà connues, ont été testées et ont fait leurs preuves.
Notre effort collectif consiste maintenant à créer les conditions permettant à ces efforts de s’épanouir et de porter du fruit.”
Le RADH 2022 avance que les capacités et les libertés humaines peuvent être renforcées par des gouvernements responsables et réactifs, des économies diversifiées et résilientes, et des sociétés solidaires et inclusives. Par conséquent, le rapport met l’accent sur l’examen des impacts de la pandémie de Covid-19 et sur les mesures adoptées pour en contenir les conséquences dans les domaines de la gouvernance, de l’économie, de la société et de l’environnement, tout en tenant compte des problèmes de développement sous-jacents de longue date auxquels la région a été confrontée avant la pandémie.
La confiance dans les gouvernements est essentielle à la réponse Covid
Le rapport relève que l’efficacité des réponses à la pandémie dans les divers contextes de développement de la région est liée aux niveaux de capacité institutionnelle et de coordination entre les agences gouvernementales. Par exemple, les gouvernements du Conseil de coopération du Golfe ont réussi à maîtriser la propagation de la pandémie, affichant un taux de récupération moyen nettement supérieur à la moyenne mondiale. Les pays à revenu intermédiaire tel que la Jordanie, le Liban et la Tunisie ont relativement bien réussi à gérer la première vague de la pandémie, mais ont relâché leur contrôle par la suite. Les pays en crise avaient une capacité limitée à atténuer les effets de la pandémie du Covid-19 en raison de la destruction de leurs infrastructures sanitaires, du déplacement ou de la migration des travailleurs de la santé, de la rupture des relations sociales et de l’accumulation des difficultés économiques.
Pendant la pandémie de la Covid, la confiance limitée dans les institutions gouvernementales s’est traduite par un rejet des mesures de confinement de la Covid-19 et par des taux élevés d’hésitation à se faire vacciner, une tendance observée aussi dans différentes régions du monde. Le rapport note également que certains gouvernements ont étendu leurs pouvoirs exécutifs par le biais de réglementations d’urgence pour répondre à la Covid-19 et protéger les communautés des impacts du virus. Cela a parfois été fait, compte tenu de l’évolution rapide du contexte, avec des mécanismes de contrôle limités. Certains ont mis en place de nouvelles mesures qui affectent les libertés civiques, notamment des réglementations qui étendent la surveillance numérique des citoyens dans certains cas. D’autres ont renforcé le contrôle de la liberté d’expression et des médias, y compris les médias sociaux, pour lutter contre la désinformation.
Le rapport cite que le pourcentage de citoyens qui estiment que la liberté d’expression est garantie dans une grande ou moyenne mesure a diminué de 20 % depuis 2016, passant de 63 % à 43 % dans la région.
La hausse des niveaux d’endettement pourrait durer un certain temps
Le rapport souligne que l’économie de la région s’est contractée d’environ 4,5 % en 2020, les pays fragiles et touchés par des conflits connaissant une baisse moyenne importante- d’environ 15 %. Malgré des signes positifs à la fin de l’année 2021, le rapport indique qu’une reprise accélérée en 2022 est peu probable, compte tenu des nouveaux défis auxquels la région est confrontée. Avec un taux de croissance moyen prévu à 5,5 % pour l’ensemble de la région, principalement dû aux performances des pays exportateurs de pétrole, la croissance économique pourrait rester difficile.
Au cours de la première année de la pandémie, les importants déficits budgétaires existants se sont creusés davantage dans toute la région, en raison de la baisse des recettes, due à la diminution de la demande de pétrole, et de l’augmentation des besoins de financement pour contenir la pandémie et ses répercussions économiques sur les ménages et les entreprises. En 2020, le déficit global moyen s’est creusé de 7 %, pour atteindre 9,2 % du PIB, tandis qu’en 2021, le déficit budgétaire moyen de la région s’est réduit à 2,3 % et devrait se transformer en un excédent de 4,1 % du PIB en 2022.
Les déficits budgétaires importants ont augmenté la dette publique, aggravant une situation d’endettement déjà vulnérable. En 2020, la dette publique moyenne globale de la région a culminé à 60 % du PIB, soit une hausse d’environ 13 % par rapport à 2019. À moyen terme, la dette publique en pourcentage du PIB devrait augmenter sensiblement et rester supérieure aux niveaux de 2019 pour la majorité des pays de la région. Les flux nets d’investissements directs étrangers (IDE) vers la région ont diminué de 6 % en 2020.
En 2021, le taux de chômage a atteint 12,6 % dans la région des États arabes, soit plus du double de la moyenne mondiale qui est de 6,2 %. Le taux d’activité des femmes était parmi les plus bas du monde, estimé à 20,3 % dans la région des États arabes en 2019. Le taux de chômage des femmes est resté à 24 % dans la région des États arabes, soit trois à quatre fois plus que la moyenne mondiale.
En 2021, la région affichait le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) le plus élevé au monde, soit 28,6%, une forte hausse par rapport aux 25,3 % de 2019. Le taux de chômage des jeunes femmes était également le plus élevé au monde, et plus du double à celui des jeunes hommes, atteignant 49,1 en 2021 contre 44,7 % en 2019 (contre 23,8 % chez les jeunes hommes en 2021 et 20,8 % en 2019).
Il est important de noter que bon nombre de ces défis reflètent les tendances mondiales dans le contexte actuellement instable, avec un effondrement de la croissance mondiale prévu pour 2022 et une décélération de la croissance dans de nombreuses régions encore plus marquée que dans la région des États arabes.
Lien du rapport complet en anglais.