Le Rapport Arabe sur le développement humain 2022 a été publié mercredi. Il a été réalisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Plus précisément, c’est le Bureau régional du PNUD pour les États arabes (RBAS) qui a travaillé sur le rapport.
Les inégalités empirent
Le rapport montre par des statistiques le ressenti par le vécu : les personnes en situation précaire se retrouvent en plus grande difficulté qu’avant. Celles qui subviennent à une charge lourde sans être dans la précarité sentent peser le poids de la santé et de l’éducation. La pandémie a entraîné un creusement des inégalités existantes et une exacerbation de l’exclusion, notamment en matière d’accès aux soins de santé et à l’éducation. Le rapport souligne qu’avant la pandémie, l’insuffisance des financements publics faisait peser la charge des soins sur les patients. Les dépenses personnelles représentaient en moyenne 28 % des dépenses des ménages dans la région, contre 18 % dans le monde, mais avec des variations importantes, allant d’un minimum de 6,6 % à Oman à un maximum de 81 % au Yémen.
Cela reflète la gravité de l’impact de la pandémie, étant donné que cette charge croissante a été observée alors que la région des États arabes était l’une des seules régions du tiers monde à augmenter les dépenses de santé en pourcentage du PIB au cours de la décennie précédant la pandémie.
Un pourcentage important des populations de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de la région a éprouvé de grandes difficultés à obtenir des soins médicaux pendant la flambée de la pandémie. Les gouvernements hôtes de la région des États arabes n’ont pas inclus les réfugiés dans leurs plans nationaux Covid-19, à l’exception notable de la Jordanie.
L’éducation touchée par la crise sanitaire
Suite à l’accentuation de la pandémie, la fermeture des écoles et le passage à l’enseignement à distance ont entraîné l’exclusion de segments importants de la société. Par exemple, seuls 55 % en moyenne des enfants interrogés qui étaient inscrits dans un établissement scolaire en Algérie, en Égypte, en Jordanie, au Maroc, au Qatar, en Syrie et en Tunisie avant la pandémie ont pu accéder à une forme d’enseignement à distance après la fermeture physique des écoles. L’accès à l’enseignement à distance a été plus élevé chez les étudiants des écoles privées que chez ceux des écoles publiques. En raison des grandes inégalités en matière d’accès à Internet entre les États arabes et au sein de
ceux-ci, les fermetures d’écoles ont eu un impact négatif disproportionné sur les ménages les plus vulnérables, les communautés rurales et marginalisées, y compris les enfants réfugiés et déplacés et les enfants handicapés, ce qui a augmenté le risque de travail des enfants et de mariage précoce chez les filles.
Les femmes travaillent illégalement plus qu’avant sans rémunération
Le rapport souligne qu’avant la pandémie, l’inadéquation des politiques de soins, de l’offre de services sociaux et des normes sociales liées au genre ont contribué à la charge disproportionnée du travail non rémunéré des femmes dans la région, les femmes consacrant 5,1 à 6,2 fois plus de temps que les hommes à ces activités en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord, ce qui est beaucoup plus élevé que la moyenne mondiale de 3,2 fois.
Conformément aux tendances mondiales, la pandémie a entraîné une augmentation des responsabilités non rémunérées en matière de soins dans les ménages de la région, la charge incombant principalement aux femmes. Le rapport fait également état d’une
tendance alarmante à l’augmentation des taux de violence domestique à l’encontre des femmes, liée aux restrictions de mobilité induites par la pandémie, au stress financier et aux perturbations de l’accès aux services d’appui.
Le rapport ajoute : “Bon nombre de ces défis sont également observés dans plusieurs régions. Les gouvernements des États arabes pourraient tirer parti des multiples crises actuelles pour faire en sorte que le relèvement favorise un développement durable et équitable.”