L’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (IFID) a fêté le 25 mai son 40ème anniversaire. Un colloque international a été organisé au sujet du financement de l’économie post-COVID par les banques et les assurances.
Sihem Boughdiri Nemsia, ministre des Finances, rend hommage aux plus de 40 ans de collaboration tuniso-algérienne dans le cadre de l’IFID : “Depuis plusieurs décennies, nos deux pays ont su tisser d’intenses échanges et ont accompli ensemble des réalisations de grande ampleur. La coopération tuniso-algérienne est bâtie sur une fraternité sincère et profonde. L’IFID constitue un modèle réussi d’intégration maghrébine qui fut créé en 1981 par les gouvernements tunisiens et algériens en réponse à un secteur financier en pleine éclosion. L’IFID a plus de 40 ans de service exemplaire en formant des compétences de haut niveau. Avec les 2131 IFIDards cadres et diplômés de l’enseignement supérieur, dont 58% de nationalité tunisienne et 41% de nationalité algérienne, l’IFID peut se réjouir d’avoir amélioré le capital humain. La pandémie COVID-19 a été une opportunité pour ouvrir la voie aux banques digitales, fintechs, néo banques et nouveaux types de financement, tels que la micro-finance qui accompagne une clientèle non bancarisée. Une nouvelle approche de gestion des risques et de sécurisation des systèmes d’information a été mise en place pour lutter contre le blanchiment d’argent et les cyberattaques. Les banques et les assurances doivent s’adapter aux changements pour être à jour”.
L’un des panels portait sur les nouveaux modes d’organisation dans les banques et les assurances. Les panélistes étaient Nabil Madani, DG Zitouna, Wassel Berrayana, DG Proxym, Dorra Marrakchi, présidente de la Sandbox de la BCT et Houari Rahali, président CA BEA Algérie. Le modérateur était Chakib Abouzaid, SG du General Arab Insurance Foundation.
Tous les panélistes se sont accordés sur un point : la crise COVID a fortement accéléré la digitalisation et la dématérialisation des banques et des assurances. Les applications bancaires mobiles de gestion des comptes à distance, le télétravail et les portefeuilles virtuels sont passés de pratiques minoritaires à des pratiques généralisées.
D’après Wassel Berrayana, même si la digitalisation accélère les process et nécessite de la réactivité, la patience est de mise pour voir les résultats. “Le digital est une occasion pour ouvrir la banque à son écosystème grâce à une collaboration entre les acteurs économiques. Egalement, les assurances sont des brokers de risque. En gestion de crédit, il faut prendre des risques. Les assureurs doivent prendre plus de risques, comme par exemple concernant l’assurance contre les risques naturels pour les produits agricoles, qui devrait être plus répandue”. Il encourage la formation continue, en particulier l’auto-formation avec Coursera, qui est devenue très populaire parmi les Tunisiens pendant le COVID-19.
Dorra Marrakchi prouve l’avancée de la digitalisation grâce à l’utilisation des wallet, ou portefeuilles virtuels, pour la distribution des aides sociales étatiques pendant la pandémie. “Les gens sont impatients d’adhérer aux nouveautés avec les moyens dont ils disposent, comme la distribution des aides sociales grâce aux wallets. Pour rejoindre cette révolution technologique, il faut se réinventer et être plus agile. Les Fintechs sont orientées vers la résolution directe des challenges et la création de valeur ajoutée. Elles ont des cycles d’itération très rapide. Elles ont la capacité de gérer très efficacement les ressources dont elles disposent. Cela permet de résoudre très rapidement des problèmes assez importants.”
Concernant la sandbox de la BCT, sur plus de 700 startups labellisés, 40% opèrent en Tunisie, 19% en Afrique, 19% en Europe et 100 startups sont des fintechs. Dorra Marrakchi ajoute : “Il y aura bientôt la présentation d’un rapport actualisé après le dernier rapport de 2021 avec la Banque Mondiake et Pwc. La BCT s’est assigné un rôle de facilitateur pour les nouveaux acteurs. Nous adoptons une nouvelle approche de test&learn. 4 fintechs et leurs usecases sont en train d’être testées. Nous travaillons également à finaliser une circulaire sur les KYC. Enfin, nous préparons un projet de mobilisation des fonds de la diaspora grâce à la collaboration avec une banque publique pour financer un projet à la Rabta pour y installer la téléradio”
Nabil Madani a confié avoir traversé une période d’adaptation avant de trouver les bonnes pratiques pour Zitouna : “Certaines solutions que nous avons adoptées, qui paraissaient modernes, ne sont pas adaptées à la pandémie. Nous avons par exemple dû passer à la reconnaissance faciale pour l’accès au siège de la banque. Nous sommes passés de réunions en présentiel à des réunions à distance ou hybrides. En ce qui concerne l’inclusion financière, nous avons choisi d’externaliser certaines fonctions, en créant notre propre établissement de paiement. Le fonctionnement est semblable à une néobanque, et nous l’avons appelé “Izi”, de Zitouna Payment.”
La banque Zitouna s’est également ouverte à l’international avec la future création d’une société en tunisie dédiée aux solutions informatiques bancaires et également une Fintech en France pour permettre à la diaspora de faire les transferts en Tunisie au moindre coût.
Houari Rahali propose des éléments plus précis concernant le contexte algérien : “Les achats sur Internet se sont développés de manière importante. Tous les acteurs de l’écosystème convergent vers le développement avec forte volonté des pouvoirs publics d’encourager l’innovation. L’incitation à avoir recours au e-payment a été boostée par l’accompagnement de startups. Il y a actuellement en Algérie des startups labellisés, des incubateurs publics et privés et un finlab pour la digitalisation des produits et services.”
L’un des objectifs est d’augmenter l’inclusion financière. Rahali poursuit : “En Algérie, de nombreux fonds et capitaux font partie de l’économie informelle et non intégrés dans l’activité réelle.Les banques réfléchissent à une stratégie à moyen terme pour changer l’écosystème et faire croître la bancarisation formelle.”