Le naufrage d’un navire pétrolier au large de la ville de Gabès, le 16 Avril, a fait vivre l’ensemble du pays des jours difficiles. Les risques associés à ce type d’incident sont bien connus: une catastrophe environnementale irréparable. Fort heureusement les cuves transportées étaient vides autrement le pire n’aurait pas pu être évité. Les déversements pétroliers représentent les causes principales des catastrophes écologiques. Lorsqu’ils surviennent, des marées noires se forment sur des kilomètres et elles détruisent la faune et la flore et polluent l’air, les sols et les eaux.
Le naufrage du navire Xelo au large de Gabès doit être considéré comme une alerte. Une étude de cas ou encore un “drill”. Ça devrait nous servir de leçons futures. Il est primordial aujourd’hui de nous interroger sur nos capacités à faire face à ce type d’incidents quand ils surviennent.
Qu’en-est il de la préparation des pouvoirs publics pour lutter contre les marées noires? Disposons-nous d’un plan d’intervention pour neutraliser l’accident et limiter ses dégâts ? Quels moyens techniques, humains, organisationnels et technologiques sont mis à la disposition des équipes? Quelle coordination à mettre en place entre les différentes unités intervenantes ? La lutte contre les marées noires implique également la réparation écologique (nettoyage ) économique (perte d’emplois..) réglementaire (indemnisation, assurance ..), sommes-nous prêts à prendre en compte toutes ces conséquences ?
Les autorités publiques et la société civile doivent se saisir de la question de la sécurité du transport maritime dans plusieurs de ses dimensions: environnementales, réglementaires, techniques, économiques, sociales..
Toutefois, la pollution en Tunisie connaît déjà son pic. La pollution industrielle est aussi dangereuse que celle des marées noires. Le déversement des substances chimiques dans les rivières et dans la mer notamment dans les villes de Gabès et de Sfax, les pollutions des usines (déchets industriels..), le déversement des eaux usées dans la mer et dans les barrages d’eau et sans oublier les décharges sauvages et l’incinération non contrôlée des déchets.
Il est urgent pour la Tunisie de se doter d’une stratégie préventive contre les catastrophes environnementales et écologiques. Une stratégie anti-pollution dont l’objectif serait de lutter vigoureusement contre la pollution quel qu’en soit ses origines; internes (pollution des usines, décharges sauvages,..) et externes ( la contrebande des carburants, transport maritimes, importation des produits polluants, importation des déchets, des produits à composants chimiques nocifs à l’environnement, suremballage..etc).
Pour la dépollution, voici quelques recommandations:
– La mise en place d’un dispositif de sécurité du transport maritimes
– Introduction de la notion “d’écocide” en droit pénal tunisien
-L’augmentation des sanctions (pénalités, amendes, emprisonnement) contre les crimes environnementaux,
-La révision du système de surveillance (police environnementale, agences de contrôle …)
– L’interdiction de l’importation des produits polluants, des produits jetables..
– La révision des tarifs douaniers pour refléter les coûts écologiques réels des produits importés.
Enfin, il est urgent de plaidoyer pour un protectionnisme écologique en dénonçant les accords de libre- échange polluants…L’Union européenne ne respecte pas les normes écologiques et environnementales qu’elle même avait instaurées. Elle exporte vers les pays du sud ses déchets ainsi que des produits à composants chimiques qui sont interdits au sein de ses propres frontières. Il est de notre responsabilité de et notre devoir de mettre fin à tout échange commercial qui menace notre sécurité écologique et environnementale.