Guerre russo-ukrainienne, crise Covid-19… Autant de coups durs pour le monde, mais particulièrement pour la région MENA. En effet, cette région vaste et très diversifiée est le siège de tensions, de crises économique et sanitaire.
Lors d’un webinaire organisé par la Banque mondiale jeudi, Paul Salem, Ferid Belhaj et Roberta Gatti ont discuté des problématiques rencontrées dans la région MENA et des prévisions possibles pour les années à venir. Ce webinaire s’inscrit dans le cadre de la publication du nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé: “Confrontation avec la réalité: prévisions de croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord en période d’incertitude”.
Paul Salem, président du Middle East Institute, explique que les développements en Ukraine et dans les environs créent une tension et une incertitude autour de l’alimentation et de l’énergie. Il est urgent de décrypter le défi alimentaire immédiatement. La Banque mondiale est l’un des acteurs principaux pour maintenir l’équilibre dans la région.
Ferid Belhaj : “Il faut être réaliste pour anticiper et ne plus agir uniquement dans l’urgence”
Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, explique que c’est l’alimentation et l’énergie qui sont les plus impactés par la guerre russo-ukrainienne. Alors que les pays exportateurs de pétrole augmentent leurs bénéfices, les importateurs nets de pétrole et de nourriture font face à une forte augmentation des prix. Il ajoute que la région MENA est vaste et qu’il ne faut pas mettre tous les pays de la région dans le même sac. Les prévisions annoncent 5% de croissance. Cependant, ces prévisions pourraient être trop optimistes par rapport à la situation réelle.
Le mot-clé est l’incertitude, selon Belhaj. C’est pour cela qu’il est important de gérer cette incertitude et d’anticiper, dans la mesure du possible, les évolutions futures de chaque pays. Au-delà d’un programme de sauvetage d’urgence, le réalisme permettra d’évaluer correctement la situation et d’agir en conséquence. Par exemple, pour la crise Covid, la Tunisie a été le deuxième pays dans le monde en matière de décès par habitant. Les structures sanitaires ont été complètement dépassées.
En situation de crise, les plus vulnérables sont ceux à protéger en premier, affirme Belhaj. La Banque mondiale finance des projets et aide également à créer des projets durables pour gérer la dette nationale. Il faut préparer la stratégie pour 2022 et les années suivantes afin d’améliorer les prévisions. Également, ce sont ces stratégies qui aboutiront à la création d’emplois et à l’atténuation des risques.
La question de la fiabilité des données se pose également, d’après Belhaj. Plus les données sont transparentes et fiables, plus les prévisions seront réalistes et les stratégies adaptées à la situation. Le travail des organismes internationaux et des statisticiens est d’aider les décideurs politiques en leur apportant leur expertise grâce à des données fiables.