La crise Covid a été à la fois une crise sanitaire et économique. A la croisée des chemins entre les deux domaines, il y a le secteur pharmaceutique. En effet, celui-ci a été profondément touché par la crise sanitaire, qui a totalement changé les habitudes d’achat, d’approvisionnement, de production et de marketing. C’est ce qui a été débattu lors de la 3e édition des Journées internationales de merchandising et du marketing pharmaceutique.
A travers plusieurs ateliers, le domaine pharmaceutique s’est exprimé sur les nouvelles tendances du marché. Les mutations du secteur concernent le système de production, qui privilégie la production locale à l’import, le changement des habitudes de consommation, avec l’explosion du marché des compléments alimentaires, l’augmentation du e-commerce pour les produits de parapharmacie et les problèmes éthiques du pharmacien en tant que personnel de santé.
Les produits de parapharmacie ont été longuement débattus. En effet, il existe un flou juridique en Tunisie sur la commercialisation de ces produits. Ainsi, ils peuvent être vendus librement par quelqu’un qui n’est pas obligatoirement un professionnel de la santé. Or, ce ne sont pas des produits inoffensifs, puisqu’il y a un risque sanitaire, d’intoxication par exemple. C’est pour cela qu’il est important de mettre un cadre législatif à la vente de ces produits, afin de protéger les consommateurs.
Également, lors de la crise Covid, les pharmaciens ont dû quelquefois gérer la responsabilité médicale de leur patient non pas comme simple commerçant de produits pharmaceutiques, mais comme personnel de santé à part entière. Dans les déserts médicaux, ou même en ville, les pharmaciens se retrouvent parfois comme étant les seuls personnels de santé à pouvoir soigner les gens du quartier, surtout en cas d’urgence médicale comme cela peut être le cas avec la Covid. Lorsque les médecins étaient submergés et que les patients présentaient des symptômes de Covid, le pharmacien a dû agir en urgence pour sauver leur vie. Cela pose un problème éthique, puisque c’est le médecin qui doit établir un diagnostic et qu’il y a un risque de mauvaise médication pour le patient. La Covid a une large variété de symptômes, qui la rendent difficilement reconnaissable.
L’autre problème auquel sont confrontés les pharmaciens est l’automédication. Certains patients postent des photos de leur bilan sanguin, de leur peau ou une liste de leurs symptômes sur les réseaux sociaux, et cherchent le diagnostic et le traitement dans les réponses de leurs pairs. Ils décident ensuite seuls de leur traitement, sans prendre d’avis médical. L’automédication, en prenant des antidouleurs par exemple, peut amener à un surdosage ou à cacher un problème non soigné plus profond.
Enfin, les pratiques de vente pharmaceutique ont changé. Avec l’émergence du e-commerce, du marketing digital et l’augmentation du nombre de pharmacies, la concurrence est devenue de plus en plus rude. C’est pour cela que des initiatives telles qu’une application mobile pour laboratoire d’analyses ou bien des mesures de glycémie hebdomadaires gratuites peuvent aider à venir au plus près du patient et à le fidéliser.