8 mars : Journée internationale des droits de la femme. Pour certains, on pourrait croire que les droits de la femme sont un combat du siècle dernier. Pourtant, les femmes doivent se battre chaque jour contre les préjugés, le harcèlement et les nombreuses inégalités. Leila Ben Gacem fait partie de ces soldates de l’égalité.
En 2006, elle lance Blue Fish, sa première entreprise d’export de produits artisanaux. Pour Leila Ben Gacem, c’est le déclenchement d’une série d’engagements envers la société et la culture, après dix ans passés en entreprise. Elle dirige également Dar Ben Gacem, une maison d’hôte en pleine médina de Tunis, et l’entreprise de consulting Blue Fish. En plus de cela, elle est trésorière de l’association Ultra Marathon qui organise l’Ultra Mirage et membre Membre du GIE Mdinti. Sans oublier sa fonction de conseillère municipale de Beni Khalled depuis 2018.
Croire en la valeur tunisienne
Pour Ben Gacem, il y a deux moteurs de l’entrepreneuriat: améliorer une situation existante, ou trouver une solution à une situation frustrante. “J’ai commencé par frustration, face à la lenteur et à l’immobilisme ambiant, afin de générer du positif et de l’espoir. Nous sous-estimons l’étendue de nos opportunités en Tunisie, en voyant la solution dans l’immigration, alors qu’il est possible de réaliser de beaux projets en Tunisie.”
Tout est une question de challenge et de motivation. “Le défi est de dépasser les obstacles, de créer un écosystème stimulant qui prouve que les Tunisiens sont capables de mettre en place des projets et de créer des richesses 100% tunisiennes”, affirme-t-elle.
La question du genre est valorisée dans la société civile
Les femmes ont tout à fait leur place dans la société civile, dit Ben Gacem. La majorité des volontaires sont des femmes, elles s’impliquent beaucoup dans de nombreux projets. “La différence entre les hommes et les femmes réside dans le networking. Les hommes ont plus de temps libre, qu’ils passent dans leurs sorties ou au café, ce qui leur permet de tisser un réseau plus large que les femmes”.
Par contre, en politique, on manque cruellement de femmes impliquées. “Il y a de nombreuses femmes en politique, mais souvent, elles n’ont pas de hautes responsabilités. Elles sont présentes sur les listes électorales pour des questions de quota. Je souhaite voir plus de femmes engagées dans des postes de leadership.”
Pour de nouveaux projets, il faut penser en termes d’impact
La machine de la rue a pour cœur les cafés. Donc c’est au café que les hommes développent leur réseau et échangent leurs idées. Pour les femmes, c’est différent. Dans son podcast, Leila Ben Gacem parle de concurrence de pouvoir. “Le poste ouvre de grandes portes, la concurrence y est plus rude. La femme en politique a peu de soutien et peu de voix, car souvent, les voix se gagnent dans l’espace public et les cafés. Il faut qu’elle tienne bon et défende ses idées, même si certains croient savoir mieux qu’elle.”
Elle a souhaité être élue pour avoir de l’influence sur le destin du pays. “Il y a des femmes de la société civile qui font un travail formidable. Mais en politique, il y a beaucoup de paroles et peu d’actes. Les femmes élues remplissent des vides pour correspondre aux quotas. Je veux encourager les femmes de mon pays à s’engager et à être élues dans les municipalités, pour apporter un plus à l’échelle locale, pour que les écoles et les parcs aient autant d’importance que les cafés et les stades de foot”.
“La première étape d’impact sur les femmes est leur autonomie financière. L’acquérir leur permet de décider de façon indépendante. Ensuite, les hommes ont plus d’assurance lorsqu’il s’agit de prendre des postes à responsabilités. Les femmes doutent de leurs capacités, même si elles sont souvent tout à fait compétentes pour assurer ces postes. Enfin, au niveau de l’éducation, il faut mettre les jeunes garçons et filles sur un pied d’égalité, notamment au niveau des tâches ménagères, pour que les jeunes filles ne se sentent pas moins importantes que les garçons”.