À l’occasion de la célébration des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, la Ligue des Électrices Tunisiennes (LET) a organisé, en partenariat avec la fondation KVINFO, un atelier de réflexion avec pour slogan « Je ne céderai jamais à mes acquis ».
Prenant part à cet atelier, des représentantes d’organisations sociales et de structures municipales, des universitaires, de jeunes dirigeantes de partis politiques, des étudiantes, des militantes de la société civile, des conseillères municipales ainsi que d’autres femmes indépendantes ont exprimé leur inquiétude quant aux menaces mettant en péril leurs acquis face à l’ambiguïté et l’incertitude marquant la scène politique actuelle et notamment les appels au changement du système politique et de la loi électorale. Les participantes à cet atelier ont également évoqué les enjeux et les défis auxquels serait confrontée la femme tunisienne lors des prochaines échéances électorales.
Lors de son intervention, la vice-présidente de la LET, Turkia Ben Khedher, a estimé que cet atelier de réflexion permettrait de motiver les femmes et de mieux les préparer aux enjeux actuels liés en particulier au système électoral. Elle a ajouté que cette rencontre avait pour objectif de consolider et renforcer la participation à la vie politique de la femme tunisienne notamment dans l’éventualité de la mise en place d’un système électoral basé sur les citoyens. Cet atelier visait également, selon la responsable, à enrichir les connaissances des femmes sur les mécanismes référendaires auxquels auraient prochainement recours les autorités pour impliquer le peuple dans la prise de décision et la définition des grandes orientations du système de gouvernance en Tunisie.
Les participantes à cet atelier ont donc passé en revue les plus grandes menaces qui risquent de mettre en péril leurs acquis politiques et juridiques tout en
formulant leurs recommandations auprès des responsables de la LET qui aspire à élaborer une stratégie participative et un plan d’action unifié basé sur la formation, l’accompagnement et le plaidoyer. L’objectif étant d’élargir et de renforcer les capacités de participation des femmes à la vie publique en tant qu’électrices et candidates lors des prochaines échéances électorales.
Les participantes ont souligné l’impact considérable qu’engendrerait l’ambiguïté politique sur les acquis de la femme tout en considérant que celle-ci serait poussée à l’écart d’une expérience politique, ce qui l’empêcherait de se porter candidate aux prochaines élections législatives ou présidentielles.
Dans ce contexte, certaines participantes ont considéré que l’accent mis sur la participation des femmes aux élections municipales et législatives excluait implicitement le droit de la femme à présenter sa candidature à l’élection présidentielle et créerait de facto une sorte d’auto-exclusion et un sentiment d’inégalité vis-à-vis des hommes.
Par ailleurs, les participantes ont souligné les différences socioculturelles perceptibles entre les régions quant à la participation des femmes à la vie politique. Ces différences engendreraient, selon elles, une forme de crainte chez les femmes qui aurait pour conséquence de limiter leur présence à la tête des listes électorales et leur accès aux postes de prise de décision au sein des structures de l’État.
D’autres ont, par ailleurs, considéré que la sous-représentation des femmes en dehors des listes électorales limiterait considérablement leur chances par rapport aux hommes et ne ferait qu’alimenter leur peur de s’engager dans la vie politique.
Les participantes ont également fait part de leur appréhension face à une éventuelle suppression du principe de parité dans le cadre de l’amendement tant attendu de la loi électorale. Elles considèrent qu’il est grand temps de restituer les droits de la femme garantis par le Code du statut personnel, la Constitution et la loi électorale en matière de parité longuement perçue comme étant une faveur
partisane ou politique.
À l’issue de cette rencontre, les participantes ont présenté leurs recommandations tout en soulignant l’importance de renforcer la volonté des femmes de s’approprier ces droits. Elles ont également souligné la nécessité d’intensifier les formations des femmes actives sur le terrain afin de mieux leur expliquer les mécanismes du référendum pour une meilleure pratique et application.
L’experte et magistrate Chiraz Tlili a, dans ce contexte, rappelé qu’il existe trois types de référendum : le référendum constitutionnel, le référendum législatif et le référendum politique. Elle a expliqué que le référendum constitutionnel concerne les questions mentionnées dans la Constitution alors que le deuxième est lié à la promulgation des lois et que le référendum politique concerne, quant à lui, la mise en place d’un nouveau système politique.
Elle a aussi insisté sur l’importance de la compréhension de la notion de démocratie en tant qu’acquis irréfutable de la révolution.