L’économie linéaire qui consiste à “extraire, fabriquer, consommer, jeter” est arrivée à bout. Au-delà de ses effets destructeurs de la valeur au sens large (sociale, économique, environnementale…), ce modèle économique a perdu l’un de ses atouts: sa capacité à créer des richesses et donc de l’emploi.
Contrairement à cette économie d’extraction où la valeur se perd à chacune des étapes en raison de la surexploitation des ressources naturelles et de la surconsommation, l’économie circulaire favorise la création de la valeur à toutes les étapes grâce à sa logique d’optimisation des ressources.
L’économie circulaire, considérée également comme une composante de l’économie verte, peut se définir comme “un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement, tout en développant le bien-être des individus” (Agence de la transition écologique-France).
Des études montrent que l’économie circulaire crée de l’emploi, favorise la création de nouveaux marchés, dispose d’un potentiel entrepreneurial significatif et impulse l’innovation. Des experts estiment également que chaque dollar investi dans l’économie circulaire en rapporte 3 contre 2 pour l’économie linéaire.
L’entrepreneuriat vert en Tunisie pour mitiger le problème du chômage
L’économie verte pourrait contribuer à l’absorption du chômage en Tunisie. En effet, des secteurs entiers pourront être créés tels que l’agroécologie, les industries environnementales, les énergies renouvelables, la chimie verte, les biocarburants, le tourisme écologique.
La main écologique de l’État
L’Etat a beaucoup à faire pour une véritable transition écologique et pour la fondation d’une économie verte. Une stratégie nationale pour le développement de l’économie circulaire demeure indispensable. Ceci ne pourrait se concrétiser sans la mise en place d’institutions de soutien (instituts de recherche, conseil national pour une économie verte…).
La stratégie nationale devrait, entre autres, inclure les points suivants :
– La levée des autorisations administratives pour favoriser l’accès des petites entreprises aux secteurs économiques à portée écologique;
– La création d’un système de financement dédié à l’écologie ; banques vertes, fonds de subventions pour projets écologiques, lignes de financement…
– Une réglementation souple et claire pour la promotion de l’entrepreneuriat écologique;
– La révision du code des investissements pour favoriser l’investissement écologique et décourager les activités polluantes et non respectueuses des principes de l’économie verte, la révision du code du travail…
– La mise en place d’un système d’incitation à l’entrepreneuriat écologique. La discrimination positive pourrait étre appliquée. Par exemple, les projets à portée écologique auront un accès exclusif à certains privilèges fiscaux, financements, incubation, etc;
– Le recours aux techniques de la science comportementale telles que le nudging (coup de pouce) serait d’une grande utilité. Nous pourrions imaginer, par exemple, l’inscription automatique et par défaut des personnes sans emploi et sans couverture CNSS en tant qu’auto-entrepreneurs. Ceux qui ne souhaitent pas avoir ce statut pourront le signaler par courrier (option-out). Cette affiliation par défaut au statut d’”auto-entrepreneur” aurait plusieurs effets positifs. D’abord, elle aboutirait à la formalisation d’une grande partie du secteur informel;
– La conversion des centaines de milliers de chômeurs en entrepreneurs et leur intégration dans la vie économique et sociale grâce aux avantages liés à ce statut. En devenant auto-entrepreneur écologique, le sans-emploi serait éligible aux financements et aux subventions liés aux projets écologiques. Un tel changement l’amènerait à sortir du cercle vicieux imposé par le chômage et l’espoir d’obtenir un jour un emploi dans la fonction publique ou une opportunité d’immigration.
L’économie verte représente une alternative à un modèle qui a longtemps favorisé les inégalités sociales et entretenu une économie de rente polluante et exclusive.