“Rien ne peut changer autour de nous si rien ne change en nous”, dit l’adage. La détérioration de la qualité de la vie dans nos villes et nos quartiers a atteint son summum. La pollution, ajoutée à l’anarchie, crée une situation où le K.-O. devient la norme. Cette réalité nous pousse à avoir deux comportements opposés; réagir ou subir.
Il est clair que si nous choisissons de ne rien faire (subir), les choses ne feront qu’empirer et notre calvaire se maintiendra à l’infini.
La crise des déchets que connaît actuellement la ville de Sfax en est un exemple. Certes, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Toutes les villes tunisiennes, quelle que soit leur taille, sont menacées d’un pareil débordement. Les causes du problème sont bien connues ; une déficience du système de collecte et de gestion des ordures ménagères, la saturation des centres des déchets, la multiplication des centres anarchiques, le problème des déchets industriels..
L’absence d’une stratégie nationale pour la gestion et la valorisation des déchets, le manque de ressources pour assurer un service public selon les standards environnementaux et la passivité du citoyen font que la situation ne risque pas de s’améliorer.
Quelles solutions ?
Le citoyen, et la communauté au sens large, doit être considéré comme un maillon essentiel dans la chaîne de gestion des déchets. Il est ainsi appelé à jouer un rôle majeur dans ce processus, et ce, pour une amélioration de la qualité de la vie dans les villes et les quartiers.
La participation des citoyens doit prendre des formes structurées et plus organisées pour plus d’efficience et pour garantir des résultats durables.
En mettant en commun leurs ressources et leur intelligence collective, les citoyens pourront créer des solutions innovantes qui transformeront les problèmes en opportunités.
Les Entreprises Communautaires : un modèle d’innovation collective pour la gestion des déchets
Il existe, en effet, plusieurs modèles innovants liés à la gestion et la valorisation des déchets. Parmi les plus réussis sont ceux fondés sur le principe de l’entraide et du volontariat. Les Entreprises Communautaires (EC) représentent une des formes les plus efficientes dans cette catégorie. Faisant partie de l’Économie Sociale, Solidaire et Écologique, les EC sont des structures collectives autogérées ou cogérées. Elles sont à vocation économique avec des objectifs commerciaux ou non lucratifs.
Les EC sont créées par des communautés pour répondre à des problématiques locales comme la création d’emplois ou encore pour combler une pénurie de certains services publics. Les EC sont très répandues au Canada par exemple. Elles interviennent dans plusieurs domaines, y compris la lutte contre la pollution, la propreté et le nettoyage, la maintenance et l’entretien des établissements et espaces publics.
En s’inscrivant dans des Partenariats Public-Citoyen (PPC), les Entreprises Communautaires pourront contribuer à la résolution des problèmes de gestion des déchets en Tunisie. Elles pourront prendre en charge une partie des activités de ramassage, de tri et de recyclage des déchets à titre d’activité économique.
Compte tenu de leurs faibles coûts opérationnels dus au principe de l’entraide (pas de charges salariales), les EC sont beaucoup plus compétitives que les entreprises privées. En termes de modèle d’affaires, les EC ont plusieurs sources de revenus, dont essentiellement la revente des objets recyclables (organiques, plastique, métaux, verre…), du compostage et autres matières de construction, énergie…
Elles peuvent également fournir des services payants aux industriels et aux professionnels (abonnement pour faire le tri, le ramassage…). La gestion des déchets est une filière regorgeant d’emplois et d’opportunités. A travers des modèles innovants et inclusifs, nous pourrons non seulement lutter contre la détérioration de la qualité de la vie et la pollution, mais également créer des sources de revenus durables pour une large population (les barbachas, les nettoyeurs…).