La Banque mondiale s’attend à ce que l’économie tunisienne croisse de 3% en 2021. C’est ce qu’a révélé un rapport publié aujourd’hui par l’institution financière internationale.
Ce chiffre est inférieur aux 5.9% enregistrés au premier semestre.
Cette plus faible croissance est due, d’après la BM, à l’affaiblissement de l’effet de base et à l’aggravation de la pandémie. L’embellie n’est pas suffisante pour ramener la production aux niveaux de 2019, avant la pandémie.
Selon la Banque mondiale, la reprise économique est moins robuste que prévu compte tenu de l’escalade de la pandémie de Covid-19 à la mi-2021 et de l’incertitude politique accrue. Cela accroît les risques de détérioration, notamment en ce qui concerne la viabilité de la dette, qui est une source d’inquiétude croissante. Pour sortir de la zone de crise et accélérer la reprise, il faudra un règlement politique solide et la mise en œuvre rapide de réformes structurelles.
La Banque mondiale a affirmé que la croissance devrait finalement se stabiliser à un modeste 3,3% d’ici 2023, reflétant les faiblesses structurelles préexistantes et une reprise mondiale progressive après la pandémie. Ces estimations sont présentées avec des risques de baisse significatifs. Le rythme de la reprise dépendra des développements politiques, dont la nomination d’un nouveau Premier ministre et la reprise des activités parlementaires, de l’évolution de la pandémie et du financement de la dette publique. La pauvreté ne devrait pas baisser aux niveaux d’avant-Covid avant 2023.
Pour la Banque mondiale, les taux de pauvreté prévus en utilisant le seuil de 3,2 USD PPA devraient atteindre 3,3 en 2022 et 3,1% en 2023 en utilisant le seuil de 3,2 USD en PPA. En utilisant le seuil de pauvreté des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (5,5 USD PPA), la pauvreté devrait diminuer à 18,7 % en 2022 et à 17,8 % en 2023. Le déficit du compte courant devrait se creuser légèrement pour atteindre 6,1 % du PIB en 2021, car les importations commencent à se redresser et les prix du pétrole à augmenter.
Dans ce même rapport, le déficit se stabiliserait autour de 7 % du PIB d’ici 2023 à mesure que les effets de la pandémie s’atténueraient et que les flux commerciaux se rétabliraient. Mais les risques pour les perspectives extérieures restent élevés, notamment une reprise atone des exportations, étant donné le lourd impact de la pandémie sur les capacités des entreprises et le rythme de la reprise chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie.
Ainsi, la Banque mondiale a calculé que la baisse progressive du déficit budgétaire devrait se poursuivre à moyen terme, atteignant 5 à 7% du PIB en 2021-23, sous l’effet de la couverture vaccinale et de la trajectoire modérément positive des dépenses et des recettes. Cependant, répondre aux besoins de financement public restera un défi. Avant même la chute des obligations d’État suite aux événements du 25 juillet, Fitch avait abaissé la note souveraine de la Tunisie à « B- ». Cela reflète l’augmentation des risques de liquidité budgétaire et extérieure dans un contexte de nouveaux retards dans l’accord d’un nouveau programme avec le FMI.
En conséquence, d’après la Banque mondiale, la Tunisie a renforcé sa dépendance à l’égard de la monétisation de la dette, les réserves de la Banque centrale diminuant régulièrement, passant de 8,2 milliards de dollars US à la fin de 2020 à 7,1 milliards de dollars US en août 2021. Cela augmente les risques du côté de la stabilité financière monétaire, qui sont exacerbés par la Banque centrale qui absorbe les liquidités du système bancaire et le niveau élevé de prêts non performants (13,6% en 2020).