Une reprise est en cours, mais les répercussions économiques de la pandémie mondiale pourraient se faire sentir pendant des années. C’est ce qui est mentionné dans le rapport annuel du Fonds monétaire international pour l’année 2021.
Alors que la crise exacerbe les facteurs de vulnérabilité préalables à la pandémie, les perspectives des pays divergent. Près de la moitié des pays émergents et des pays en développement ainsi que certains pays à revenu intermédiaire risquent désormais de prendre encore plus de retard sur les autres, ce qui réduirait à néant une grande partie des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable définis par l’Organisation des Nations unies. Les inégalités se creusent également au sein des pays ; les employés les moins qualifiés, les jeunes, les femmes et les travailleurs de l’économie informelle subissent des pertes de revenus disproportionnées.
Pour pérenniser la reprise, il faudra que les pouvoirs publics poursuivent leur action, notamment pour garantir et élargir l’accès aux vaccins et pour maintenir en place des dispositifs d’aide économique et un appui ciblé adaptés au stade de la pandémie, à la vigueur de la reprise économique et aux caractéristiques structurelles des pays. Il sera essentiel d’assurer une coopération multilatérale pour veiller à ce que tous les pays aient un accès équitable aux vaccins et que ceux en difficulté financière puissent obtenir les liquidités internationales dont ils ont besoin.
À mesure que la reprise se confirme, il convient d’intensifier les réformes économiques ainsi que les investissements publics dans le capital humain et les infrastructures écologiques et numériques afin de favoriser la réaffectation des ressources et de réduire autant que possible les séquelles à long terme. En s’orientant vers un avenir plus inclusif, plus numérique et plus respectueux de l’environnement, les pays du monde entier peuvent parvenir à une croissance plus élevée et plus durable.
Au cours de l’exercice 2021, la riposte du FMI à la pandémie s’est articulée autour de ses trois missions fondamentales.
Kristalina Georgieva : “Ces initiatives ont empêché l’économie mondiale de s’effondrer aux premiers stades de la crise”
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, évoque dans son message le fait d’être passé près d’une crise majeure, qui a été évitée grâce aux mesures du FMI. “À la fin du mois d’avril, le montant total des prêts accordés par le FMI à 86 pays depuis le début de la pandémie s’élevait à 110 milliards de dollars, ce qui constitue un record. La récente approbation en août 2021 d’une nouvelle allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) est également sans précédent. Cette allocation de 650 milliards de dollars, la plus élevée de l’histoire du FMI, permettra d’accroître considérablement les réserves et les liquidités des pays membres du FMI, sans alourdir la charge de leur dette. Nous réfléchissons par ailleurs à des moyens qui permettraient aux pays affichant une position financière solide de réaffecter volontairement des DTS en faveur de pays vulnérables.”
Elle a ajouté : “Conjuguées aux mesures extraordinaires prises rapidement par les pouvoirs publics et les banques centrales, ces initiatives ont empêché l’économie mondiale de s’effondrer aux premiers stades de la crise et jeté les bases de la reprise qui se dessine. Il s’agit toutefois d’une reprise à deux vitesses : les situations économiques divergent dangereusement d’un pays à l’autre, en raison de différences flagrantes sur le plan de l’accès aux vaccins et de la marge de manœuvre dont disposent les pouvoirs publics. Alors qu’un rebond est observé dans les pays avancés, la crise s’aggrave dans de nombreux pays émergents et pays en développement.
La vaccination est primordiale pour dépasser la crise économique, puisque la crise sanitaire et la crise économique sont étroitement liées : “La tâche la plus urgente reste de vacciner la population mondiale le plus rapidement possible. En mai, les services du FMI ont proposé un plan de 50 milliards de dollars visant à vacciner au moins 40 % de la population dans tous les pays d’ici à la fin de 2021, et 60 % d’ici au deuxième semestre de 2022 ; un tel investissement permettrait de stimuler l’activité économique mondiale de plusieurs milliers de milliards de dollars au cours des prochaines années. Il est essentiel de combler cet écart pour mettre fin à la pandémie et assurer partout une reprise durable à long terme”.
Surveillance économique : 36 bilans de santé de pays
Le FMI surveille le système monétaire international et assure un suivi des politiques économiques et financières de ses 190 États membres. Dans le cadre de ces activités de suivi, ou de « surveillance », menées au niveau tant mondial que national, il met en lumière les risques pour la stabilité et formule des recommandations sur les ajustements à apporter à la politique menée pour remédier à ces menaces.
Prêts : 98 milliards de dollars à l’intention de 54 pays…
… dont 10 milliards en faveur de 31 pays à faible revenu, et un total de 110 milliards de dollars depuis le début de la pandémie Sur ces prêts, le FMI a mis à la disposition de 39 pays 17 milliards de dollars de financement (l’équivalent de 12 milliards de DTS) au moyen de mécanismes de prêt d’urgence, dont 6 milliards en faveur de 26 pays à faible revenu. Le FMI accorde des financements aux États membres qui connaissent des problèmes réels, potentiels ou anticipés de financement de leur balance des paiements pour les aider à reconstituer leurs réserves internationales et rétablir les conditions d’une croissance forte, tout en remédiant aux problèmes de fond. Le FMI accorde également des financements d’urgence à décaissement rapide assortis d’une conditionnalité limitée ; il a généralisé ce type de financement pour aider ses pays membres à faire face aux conséquences économiques immédiates de la pandémie de Covid-19.
Développement des capacités : 251 millions de dollars…
… consacrés à des conseils techniques pratiques, des formations axées sur la politique économique et l’apprentissage par les pairs. Le FMI collabore avec ses pays membres pour renforcer leurs institutions économiques en leur offrant une assistance technique et une formation dans des domaines économiques essentiels. Cette collaboration aide les pays à renforcer leur économie et à créer davantage d’emplois. Le FMI partage ses connaissances avec des institutions publiques telles que les ministères des Finances, les banques centrales, les instituts de statistiques, les organismes de surveillance financière et les administrations fiscales, au moyen de conseils pratiques, de cours de formation et de séances d’apprentissage entre pairs. Les activités de renforcement des capacités du FMI sont assurées en personne ou à distance par des conseillers résidents présents à long terme dans les pays ou dans les centres régionaux de développement des capacités, à l’occasion de visites de courte durée effectuées par des membres du personnel et des experts du FMI. Elles sont également menées dans le cadre de formations en classe et de cours en ligne gratuits.