Alors que la mise à niveau du cadre réglementaire et technique de la Bourse de Tunis continue depuis l’année dernière, le volume des transactions ne parvient pas à décoller. Le volume quotidien moyen, hors transactions de bloc, est de 4,079 MTND depuis le début de l’année.
Cela confirme, encore une fois, les particularités du marché actions tunisien. Les investisseurs individuels font l’essentiel des transactions et leurs mouvements ne sont pas nécessairement la résultante de processus de valorisation au vrai sens du terme. Il y a plutôt de l’analyse technique, qui reste une approche valable mais qui n’est pas valide dans tous les cas de figure. L’analyse technique nécessite, avant tout, des volumes de transactions conséquents pour espérer prévoir les tendances, ce qui réduit la fiabilité de cette méthode à une poignée de titres. Il y a aussi une place aux rumeurs et aux informations privées qui comblent l’absence de communications financières régulières de la part des entreprises.
Les déceptions des investisseurs se sont multipliées ces derniers temps. Plusieurs processus de vente ont échoué et rares sont les entreprises qui ont publié des résultats meilleurs que prévus. La crise sanitaire a affecté significativement la profitabilité de toutes les entreprises et tous les business models ont été touchés. Le contexte économique et politique actuel est très tendu et les investissements sont quasiment gelés. Qui peut garantir une stabilité du cadre réglementaire et fiscal pour 2022 ? Qui peut assurer la tenue de relations économiques normales avec nos partenaires alors que les mesures post-25 juillet ne font pas l’unanimité sur la scène internationale ? Ce sont les questions que se posent les entreprises et les investisseurs en Bourse.
Ainsi, l’attentisme domine. Les acheteurs qui se positionnent à moyen et long terme préfèrent naturellement temporiser et profiter des opportunités. D’ailleurs, les carnets sont garnis d’ordres d’achat à bas prix. Si un vendeur espère liquider une quantité d’actions d’une société qui dépasse son volume quotidien moyen, il doit accepter d’encaisser des pertes. Les institutionnels peuvent réaliser des transactions de blocs pour contourner ce problème de liquidité, vu qu’ils détiennent de grandes quantités. Cette marge de manœuvre n’est pas possible pour les investisseurs individuels qui sont obligés de passer par le marché.
En l’absence d’un événement majeur qui booste le moral des investisseurs, le volume resterait stable pour les mois à venir. Le sens de l’évolution du Tunindex n’est pas un proxy à la dynamique du marché car il pourra évoluer dans les deux sens juste à cause des mouvements des grandes capitalisations.