Alors que la Tunisie a dû faire des efforts diplomatiques considérables pour rouvrir ses frontières avec la Libye, l’Egypte continue à profiter économiquement de la reconstruction de ce pays détruit par la guerre civile.
La semaine dernière, Le Caire et Tripoli ont signé 13 accords de coopération d’une valeur de 4,2 milliards de dollars. Cela porte sur des contrats de construction de routes, de ponts, de différentes infrastructures, de stations pour la génération d’électricité et de dessalement de l’eau. Les projets envisagés se concentrent essentiellement à Tripoli et Benghazi. Ces accords s’ajoutent à ceux déjà signés en avril dernier lors de la visite du Premier ministre égyptien en Libye et l’émargement de 11 protocoles de coopération.
Par ailleurs, le ministre du travail libyen a annoncé hier qu’un million de travailleurs égyptiens commenceront à affluer dans son pays début octobre prochain. Ils seront chargés de l’exécution des contrats qui viennent d’être signés.
Néanmoins, les Tunisiens peuvent toujours espérer récupérer quelques bons contrats. Selon les responsables libyens, la reconstruction de la Libye coûterait jusqu’à 111 milliards de dollars. Il reste encore des pistes à exploiter. Les Européens et les Turcs ont certainement eu le gros lot, mais nous pouvons avoir quelques milliards de dollars de projets. Le plus important reste l’emploi et notre capacité à placer les Tunisiens dans un marché qui a été historiquement accessible.
C’est le prix de l’instabilité politique et économique que connaît le pays. Au lieu de se focaliser sur la coopération avec le pays avec lequel nous avons atteint une quasi-parfaite intégration économique, la diplomatie tunisienne a passé des semaines à calmer le jeu avec Tripoli sur fond de déclarations parfois hostiles. Il faut se réorganiser et donner la priorité à ce dossier car personne ne nous attendra pour un marché aussi juteux.