Les statistiques publiées sur Evax concernant la campagne de vaccination montrent que nous aurions pu être dans une situation largement meilleure si les Tunisiens étaient plus rigoureux.
En fait, le nombre total des convocations adressées pour se faire vacciner ont totalisé 7 253 714 alors que ceux qui se sont présentés pour avoir leurs doses sont de 5 058 148. En d’autres termes, 2 195 566 ont raté leurs rendez-vous pour une raison ou une autre. Certains ont encore des doutes et d’autres n’ont pas voulu interrompre leurs programmes de vacances pour se faire vacciner. D’autres exigent un type particulier de vaccin et tentent d’optimiser la date de vaccination selon la disponibilité du type recherché.
Cette tendance n’est pas propre à la Tunisie et elle est observée partout dans le monde. Elle est plus cruciale dans notre cas car l’économie du pays est en train de sombrer. Depuis le début de l’année, nous évoluons toujours dans un couvre-feu et diverses limitations de circulation. Des secteurs entiers sont sinistrés, comme la culture, la restauration ou le tourisme. Les chiffres de la croissance économique, interprétés correctement, témoignent de cela.
Faudra-t-il imposer un pass sanitaire comme le cas français ou allemand ? A ce stade, il n’est pas logique de le faire car la vraie campagne de vaccination n’a réellement commencé qu’un mois auparavant. Les pays qui ont instauré ce système sont dans ce rythme depuis le début de l’année.
Toutefois, nous ne pouvons pas se permettre de bloquer encore l’économie s’il y a des doses disponibles pour vacciner toute la population ciblée et si tous les moyens sont mis en place pour les injecter. Dans ce cas, fixer un deadline pour les retardataires sera légitime. Dans trois mois, nous serons en pleine saison de la grippe et se retrouver dans une nouvelle vague n’est pas exclu par les spécialistes. D’ailleurs, une troisième dose sera administrée dans plusieurs pays pour éviter une nouvelle débâcle. L’intérêt général exige la prise de décision à l’encontre de ceux qui, par leur comportement, mettent en péril tout un pays.
Enfin, ce qui empêche la mise en place de ce pass serait la capacité de contrôle réduite. Les smartphones ne sont pas disponibles chez tous les Tunisiens et vérifier les QR codes ne sera pas une tâche facile. La solution optimale est d’inciter les gens à se faire vacciner et les sensibiliser au fait que nous avons une chance de pouvoir retrouver un quotidien normal. Notre qualité de vie dépendra de la reprise économique qui ne viendra pas sans le redressement de la situation sanitaire.