En ces temps d’hyperactivité et de superstimulation, il est rare, voire difficile de s’ennuyer. Dès que nous avons quelques minutes de vide, nous dégainons notre smartphone pour discuter, jouer ou consulter les réseaux sociaux. Les files d’attente sont moins longues, la solitude est comblée par notre compagnon technologique. Et si l’ennui était source de bien-être ? Et si cet ennemi de notre société ultra productive se révélait être l’ami de nos activités ?
Mark Hawkins appelle à apprécier l’ennui
Mark Hawkins, dans son ouvrage Le pouvoir de l’ennui, valorise le fait de prendre le temps de ne rien faire. Sur son blog, il cite Kierkegaard et Bertrand Russell. Il dit : “Vous n’avez probablement pas beaucoup pensé à l’ennui. Ce n’est pas surprenant en raison de toute l’activité et des distractions qui occupent la plupart de nos vies. Dès que nous avons une minute de libre, nous nous empressons de la remplir avec quelque chose que nous pensons être productif, ou nous faisons quelque chose d’abrutissant comme regarder la télévision ou faire défiler les médias sociaux.”
Selon Hawkins, l’ennui est à apprivoiser, et même à rechercher, et cette opinion est appuyée par les écrits de plusieurs philosophes : “Mais l’ennui est l’émotion humaine la plus puissante à connaître. En fait, de nombreux philosophes à travers l’histoire ont écrit sur l’ennui.”
Il cite Kierkegaard, un philosophe danois du 19e siècle : “L’ennui est la racine de tous les maux. Il est très curieux que l’ennui, qui a lui-même une nature si calme et si sédative, puisse avoir une telle capacité à initier le mouvement. L’effet que produit l’ennui est absolument magique, mais cet effet n’est pas d’attraction mais de répulsion”
Il évoque également Bertrand Russell, un philosophe britannique du 20e siècle : “L’ennui en tant que facteur du comportement humain a reçu, à mon avis, beaucoup moins d’attention qu’il ne le mérite. Il a été, je crois, l’une des plus grandes forces motrices tout au long de l’histoire, et l’est aujourd’hui plus que jamais”
Ce que nous apporte l’ennui
L’ennui a, selon Kierkegaard, la “capacité à initier le mouvement” et son effet est “magique”. L’ennui a “une nature si calme et sédative”. Cela signifie que sous des aspects de calme et de repos, l’ennui est capable de pousser à l’action. L’être humain ne peut pas rester indéfiniment sans rien faire. Face à l’ennui, il va s’engager dans des activités, avoir des idées et peut-être même lancer des projets.
Selon Russel, l’ennui est “l’une des plus grandes forces motrices tout au long de l’histoire”. Sans ennui, il n’y aurait pas eu de créativité, d’innovation, de jeux et d’activités distrayantes. Toute la volonté de se distraire est née de la répulsion de l’ennui.
Hawkins analyse les citations des philosophes ainsi : “Ce qui semble clair, tant chez Kierkegaard que chez Russell, ce n’est pas que l’ennui soit en soi une émotion mauvaise, comme beaucoup d’entre nous ont été conditionnés à le penser, mais que c’est une émotion humaine puissante qui détermine nos comportements. Si nous voulons en savoir plus sur nous-mêmes, nos motivations et nos comportements, nous devons prêter attention à l’ennui et en apprendre davantage sur lui.”