La hausse de l’inflation était attendue, mais atteindre 6,4% au mois de juillet a déjoué tous les pronostics, même ceux les plus pessimistes. Sur le seul mois de juillet et par rapport à juin, c’est une hausse de 0,9%. Certes, il y a l’effet de l’augmentation des prix de tabac (20,1%), mais il faut relativiser son effet car le groupe « Boissons alcoolisés et Tabac » ne pèse que 2,8% de l’IPC. La pression est venue des « produits alimentaires » (26,2% de l’IPC) et des « services de télécommunication » (4,6% de l’IPC).
La période estivale est historiquement inflationniste et cette année, l’impact est plus important. D’habitude, c’est la forte demande sur les produits alimentaires de la part de structures hôtelières et des touristes qui viennent s’installer dans des maisons louées directement de gré à gré qui pousse les prix vers la hausse. En 2021, la situation est différente car c’est plutôt la facture du confinement de l’année dernière et de l’insuffisance de l’activité actuelle qui gonflent les prix. Autrement dit, les commerçants sont en train de compenser l’effet volume par un effet prix. Personne n’accepte de voir ses revenus baisser et les marges sont montées en flèche.
Tout cela est en relation avec la masse monétaire qui est en train de circuler sans une vraie production en contrepartie. Les fonctionnaires et une bonne partie des employés du secteur privé ont alterné de longues semaines de repros et de travail à domicile à cause de la COVID-19 sans que leurs revenus ne soient touchés. En revanche, d’autres secteurs ont été massacrés mais en réalité, la carte du pouvoir d’achat n’a pas changé. Ce sont les mêmes catégories sociales qui peuvent consommer et qui encouragent la hausse des prix.
Si nous regardons maintenant le taux d’inflation sous-jacente, nous trouvons qu’elle est désormais à 5,8%. C’est un très mauvais signe pour la période à venir car désormais, la BCT risque de rehausser ses taux. Le d’intérêt réel est juste positif de 45 points de base. Il est fort probable que les opérateurs sur le marché monétaires anticipent ce mouvement, poussant le TMM à la hausse et imposant au régulateur de repenser son Taux Directeur. C’est le pire scénario pour les entreprises.
Il est désormais indispensable de contrôler rigoureusement les circuits de distribution. Même s’il y a actuellement l’intention de faire baisser les prix de certaines matières après les interventions du Président de la République, l’impact est loin d’être significatif. Il faut également rationaliser la masse monétaire qui circule et augmenter la productivité de tous les agents économiques sans exception. Seul le travail peut combattre l’inflation.
Sans revenir à ces principes, préparons-nous à une spirale inflationniste infernale. Il ne faut jamais oublier que les vraies réformes économiques, comme la réduction des subventions et le traitement du déficit des entreprises publiques, qui passe par une revalorisation de leurs services n’est pas encore ouvert. C’est soit ces choix, douloureux pour de bons, soit les clubs de Paris et de Londres.