Sahbi Gorgi, Président de l’Ordre des Architectes de Tunisie, et Rym Zaabar, Secrétaire Générale ont été élus l’un comme membre et l’autre comme suppléante représentants de la Tunisie dans l’Union Internationale des Architectes. A l’occasion de l’Assemblée Générale de l’Union Internationale des Architectes UIA RIO2021, qui s’est déroulée pour la première fois en ligne entre le 18 et le 28 juillet 2021. En outre, la Tunisie vient d’être élue membre du conseil de l’Union Internationale des Architectes représentant l’Afrique par 160 voix.
Durant l’assemblée générale UIA RIO 2021 tenue pour la première fois en ligne, José Luis Cortès (Mexique) a été élu président de l’UIA pour la période 2021-2023. Le nouveau Conseil, composé de 4 membres de chacune des cinq régions de l’UIA et de 9 membres du bureau, a tenu sa première session le 30 juillet au cours de laquelle l’équipe nouvellement élue a déclaré la nécessité de renforcer le rôle de l’Union et de la rendre plus accessible aux jeunes architectes.
La Tunisie dans l’UIA : de forts appuis internationaux
Sahbi Gorgi présente l’UIA en quelques mots : “L’Union internationale des architectes est la principale instance internationale qui gère la profession et les 3,2 millions d’architectes dans le monde. L’objectif est de promouvoir ce métier, de le défendre, de suivre son évolution à travers le temps et faire en sorte de créer une synergie inclusive et participative entre les différents pays au niveau de ce métier. Elle a été créée en 1948.”
La Tunisie a fortement contribué à l’histoire de l’UIA. En effet, la Tunisie était parmi les membres fondateurs. Également, comme l’a dit Sahbi Gorgi : “Nous avons eu il y a quelques années un vice-président tunisien au sein de cette association : M. Taoufik Elleuch.” Mais depuis 20 ans, la Tunisie s’est retirée progressivement des activités de l’UIA, jusqu’à cette élection récente : “Depuis 20 ans, la Tunisie n’est plus dans les instances dirigeantes. Il n’y a pas eu de participation dans l’UIA depuis la révolution. C’est triste d’être restés absents alors que l’on a beaucoup à dire au niveau de l’environnement, de l’énergie, des mouvements architecturaux, du patrimoine. Maintenant, la Tunisie est de retour. L’UIA a confiance en nous et nous aime.”
La Tunisie bénéficie de forts appuis internationaux. “La réputation des architectes tunisiens est bonne, au niveau du continent et au niveau du voisinage méditerranéen. La candidature de la Tunisie a été fortement appuyée par les architectes francophones d’Afrique de la Fédération des Architectes Francophones d’Afrique (FAFA), par l’Union Africaine, l’Union Arabe des Architectes et l’Union Méditerranéenne des Architectes (UMAR). Nous avons eu droit à 160 voix, par des pays en dehors de notre cercle régional, comme les Etats-Unis et les pays d’Amérique latine. Le président de l’UIA, qui vient du Mexique, est très satisfait du retour de la Tunisie sur la scène internationale.”
Les challenges de Sahbi Gorgi : L’accréditation, l’ architecture équitable et l’environnement
Sahbi Gorgi souhaite que les diplômes tunisiens soient reconnus à l’international, comme c’était le cas il y a quelques années : “Une charte en cours de construction, entre l’UNESCO et l’UIA, est destinée à définir l’enseignement de l’architecture. Il y a une importante réforme à réaliser à ce niveau-là. Nous souhaiterions que nos écoles d’architecture aient au moins à moyen terme une accréditation internationale. Il y a quelques années, le diplôme et le titre d’architecte tunisien était reconnu à l’international. Il l’est de moins en moins. Quand tous les diplômes seront reconnus, cela aboutira à une libre circulation des architectes.”
Sahbi Gorgi porte la voix de l’Afrique : “Je porte la voix de l’Afrique pour susciter une réflexion plus équitable de l’architecture.” L’un des maux de l’architecture aujourd’hui est la construction anarchique et spontanée, contraire à tout plan urbain à moyen et à long terme : “Nous souhaitons développer une réflexion contre la construction anarchique. J’en ai discuté avec le président, qui vit à la mégapole de Mexico. Au niveau des constructions anarchiques, des sites périphériques, du contrôle de développement, nous souhaitons créer un environnement où l’architecte crée un cadre de vie favorable. Ce cadre de vie créé doit aboutir à un sentiment d’appartenance du citoyen. Quand on étudie comme il se doit la maison, la place, l’espace urbain, le trajet, les espaces de loisir, cela est possible. Des études ont été faites sur les favelas, sans trouver les meilleures solutions. En Tunisie, il y a une ghettoïsation et une absence d’espace verts. Les expériences faites en Amérique du Sud ont connu des réussites.”
En s’inspirant des exemples réussis d’Amérique latine, la Tunisie et plus généralement l’Afrique pourront plus oeuvrer pour une architecture plus responsable. “On parle également d’environnement et de résilience. Nous nous sommes fixés comme objectif dans l’UIA de nous conformer à l’agenda 2030 et de penser la technique de la construction pour ne pas dépasser les 2°C au-delà de la température préindustrielle. Au niveau de l’Afrique, qui est une région en plein développement, il y a un important potentiel.”