Covidar, une ONG créée en décembre 2020 par plusieurs associations caritatives et professionnels de santé, propose un suivi à domicile gratuit dans huit gouvernorats (Ben Arous, Monastir, Tozeur, Djerba, Kelibia, Sfax, Kairouan, Béja).
Avec seulement 7% de personnes ayant complété leur vaccination, l’immunité collective est loin d’être atteinte.
Une approche anticipative de la lutte contre la COVID
Chokri Jeribi, co-initiateur de Covidar et porte-parole de l’initiative, est une initiative citoyenne humanitaire de lutte contre la Covid en Tunisie. “L’objectif de Covidar est de contribuer à l’effort de lutte contre la Covid en Tunisie” explique-t-il. Il poursuit : “En fin d’année 2020, après la sortie de la première vague, nous étions certains que la deuxième vague serait plus dure et plus importante que la première vague. Il fallait absolument faire une approche anticipative basée sur la prise en charge précoce des patients Covid afin d’éviter les complications.”
“Notre valeur ajoutée est d’éviter la saturation des services d’urgence, des services de médecine et services de réanimation. Même au niveau des pays ayant une excellente structure sanitaire, l’ampleur de la pandémie était telle que les services étaient dépassés.” C’est pour cela que Covidar a une place importante dans le traitement en amont de la maladie, afin de réduire les hospitalisations et également répondre au besoin de soins dans les zones éloignées des hôpitaux.
Une prise en charge gratuite grâce à un call center et un numéro vert
Le fonctionnement de Covidar est simple. Au départ, un call center avec un numéro vert joignable gratuitement par tous les citoyens. Il précise : “Les personnes qui répondent sont des volontaires de l’Associamed que nous avons formés. Ils vont procéder grâce à un interrogatoire à un tri des patients en fonction de leurs scores et de leur symptomatologie. Ceux qui sont dans la catégorie Covidar répondent à des critères bien précis. Une fois que le volontaire a classé le patient, il va utiliser une application appelée Katomi spécialement conçue pour Covidar qui va effectuer une affectation grâce à un système de géolocalisation”
Ensuite, le médecin prend le relais. Il poursuit : “Le médecin remplit le dossier entièrement numérique du patient puis il se déplace au domicile du patient. Le suivi comprend la prescription de médicaments et le suivi par un infirmier.” Le dossier médical informatisé est une première en Tunisie. “Cela nous a beaucoup aidé pour le suivi et l’évaluation des résultats, même si les médecins ne sont pas toujours très à l’aise avec cette méthode.”
“Depuis le démarrage le 23 décembre 2020, nous avons suivi 2450 patients”
Chokri Jeribi se réjouit du suivi des patients, mais espère étendre encore plus le champ d’action de Covidar. “Le financement et le besoin en ressources humaines sont très importants pour assurer un suivi rigoureux sur tout le territoire. Nous avons des besoins matériels, en matériel de protection, en concentrateur d’oxygène. Les fonds proviennent de la générosité de personnes physiques et d’entreprises. Nous suivons les patients dans huit gouvernorats, bientôt neuf puisque Sousse rejoint aujourd’hui les huit autres gouvernorats.”
Par rapport aux actions autres que le suivi à domicile, Covidar contribue à tout ce qui peut aider à lutter contre la pandémie, comme la vaccination. “Nous contribuons à sensibiliser les patients pour procéder à la vaccination. Notre activité est seulement curative. La seule solution de lutte est la vaccination. Nous avons déjà sensibilisé à travers notre site CoviDar les autorités et les décideurs à accélérer le rythme. Sans oublier nos contacts internationaux, tels que les laboratoires pharmaceutiques et l’OMS”
L’OMS apporte son soutien à Covidar
Chokri Jeribi annonce à ce sujet une excellente nouvelle. “Lundi dernier, l’OMS Tunisie et l’OMS région EMRO ont officiellement apporté leur aide et leur soutien à Covidar. L’OMS supporte Covidar aussi bien moralement que financièrement. Le label de l’OMS est un soutien très précieux pour nous.”
Pour Covidar, chaque contribution permet d’élargir l’activité de l’ONG et de sauver des vies. “Le RIB de Covidar a été rendu public sur la page Facebook. Nous avons également besoin de médecins et d’informations présents dans toutes les délégations. Ce n’est pas avident car il faut que ces médecins répondent à la charte de l’association et qu’ils suivent un protocole bien précis répondant aux recommandations internationales.”
Le défi est présent. “Les médecins sont très pris et participent à une course contre la montre contre la maladie. Ils donnent de leur temps pour soigner et remplir les dossiers médicaux informatisés, ce qui est capital pour suivre la prise en charge et les patients ayant nécessité une hospitalisation. D’ailleurs, plus de 98% des patients que l’on a soigné n’ont pas nécessité de transfert à l’hôpital.