Arthur Minsat, rapporte plusieurs données relatives à la data, à la digitalisation et aux startups issues des études de l’OECD. C’est ainsi que participe Arthur Minsat, Senior Economist and et chef d’unité pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe à l’OECD, au North Africa Com.
Dans le cadre de North Africa Com, un événement virtuel qui s’est déroulé le 13 et le 14 juillet, trois panélistes et un modérateur explorent la place de l’Afrique du Nord dans la quatrième révolution industrielle du continent.
Arthur Minsat : “Il faut développer l’infrastructure, renforcer les compétences et développer l’environnement FinTech”
Le e-commerce prend un rôle de plus en plus important dans la région à tous les niveaux. “Le e-commerce connaît un boom d’activité qui a connu une croissance de 6,2 % entre 2005 et 2017, qui sont des taux relativement élevés. Cela a encore plus été boosté par la pandémie. Également, plusieurs startups ont réussi à lever des fonds en Afrique du Nord, comme Jumia mais aussi Avito par exemple. De nombreuses startups offrent des services en ligne dans la région. Cela est particulièrement important dans la région puisque 70% des consommateurs ont entre 18 et 34 ans. 50% d’entre eux ont une éducation post-secondaire. Ils peuvent à la fois utiliser et créer des services. En e-health par exemple, il y a Dabadoc au Maroc et la société de télémédecine. Ces services proposent des solutions pour le diabète par exemple, pour soigner et diagnostiquer à distance. Le e-commerce est une source de revenus puisqu’il représente 8% des exportations totales entre 2000 et 2017.”
L’écart est important entre zone rurale et urbaine, entre hommes et femmes, entre jeunes et plus âgés. “Il y a de grands écarts entre les zones rurales et les zones urbaines. Dans le continent, la moitié de la population a accès à internet. Ils sont 54% en zone urbaine et seulement 36% en zone rurale. Également, le e-commerce et les plateformes électroniques ne proposent qu’une solution à un défi plus large dans la région. Ce challenge est la création d’emplois. Les écosystèmes mobiles emploient dans la région MENA 390 000 emplois directs et 650 000 emplois indirects. Le potentiel réside dans l’élargissement de l’accès à la technologie au secteur non numérique. Le taux de participation de la main d’œuvre est de seulement 44%. Moins de la moitié de la population a accès à un marché. Dans ce taux de participation, il y a un grand écart entre les hommes et les femmes : il est de 66% pour les hommes et seulement 17% pour les femmes.”
L’écart est aussi important entre Le Caire, qui est un hub, et les autres pays de la région. “En plus de combler l’écart spatial, d’accès à internet et les écarts de genre, il s’agit de corriger l’écart d’éducation et de l’accès à l’entreprise. Par exemple, l’Egypte compte 92 startups ayant levé plus de 100 000 $. Au Maroc et en Tunisie, il y en a 13 et au Nigeria, il y en a 3. Le Caire est l’un des hubs les plus importants de tout le continent africain. Les gouvernements ont contribué à faciliter l’écosystème startup, puisque la banque centrale de Tunisie a adopté une réglementation pour les bacs à sable, pour permettre l’innovation. Il y a des initiatives similaire au Maroc, avec Al Maghrib Bank Act.”
La 5G a un énorme potentiel de développement pour la région et le continent
Le potentiel de la 5G dans la transformation des entreprises est sans commune mesure avec les autres technologies. “La 5G dépend des investisseurs, de la loi. Elle nécessite d’avoir des synergies et de créer un effet multiplicateur. Simplement, faciliter l’accès à 1 Go de data de 50% ouvre la porte de la data à 70% de la population. Malheureusement, la data mobile coûte trop cher”
La création d’emplois digitaux et non digitaux est nécessaire à l’équilibre. “La division spatiale est claire : la majorité des villes sont à moins de 10 km d’une antenne 4G, mais elles ne bénéficient pas toutes d’une connexion à Internet. Enfin,
il faut une meilleure coordination entre les pays et les communautés économiques régionales. Il faut uniformiser le continent. Seulement ⅕ des pays africains ont une législation en place contre la cybercriminalité”
L’Afrique du Nord est un carrefour. “Nous devons faire face à cette plus grosse crise en 25 ans, qui est une crise de santé et sociale. Nous devons trouver des solutions entre citoyens.
L’investissement direct étranger a baissé sur le continent au cours des 10 dernières années, et généralement dans tous les domaines en 2020 sauf en TIC. En 2019, il y avait 2 milliards $ d’IDE en Afrique. En 2020, ils sont passés à 8 milliards d’IDE. Il y a un besoin d’approches locales et de solutions locales, avec une création d’emploi. Il est nécessaire de mettre en place un agenda pour construire une infrastructure de qualité dans le continent, avec un travail avec l’Union Africaine. Par exemple, le cluster Euromed au Maroc a attiré beaucoup d’IDE”