On estime que 64 % des économies en développement dépendent des exportations de produits primaires. La plupart risquent de rester dépendantes des produits de base si elles ne s’engagent pas dans une transformation structurelle axée sur le développement technologique.
Les pays en développement dont les économies dépendent des produits de base doivent renforcer leurs capacités technologiques pour échapper au piège de la dépendance aux produits primaires qui cantonnent leurs populations dans la pauvreté et la vulnérabilité. C’est le constat du Rapport 2021 sur les produits de base et le développement de la CNUCED, publié le 7 juillet.
Environ deux tiers des pays en développement étaient dépendants des produits de base en 2019. Dans ces pays, au moins 60 % de leurs recettes d’exportation de marchandises proviennent de produits primaires, tels que le cacao, le café, le coton, le cuivre, le lithium et le pétrole.
La Tunisie est classée dans les “économies en développement non dépendantes des produits de base”. Elle est également classée 62ème sur 196 dans la liste des pays du Technological development index, publié en 2019. Elle a un score de 10.3, comparativement aux États-Unis, premiers du classement, avec une valeur de 100. Le Maroc appartient à la même catégorie que la Tunisie, non dépendant des produits de base. Il est classé 52ème dans le Technological Development Index, avec un score de 12.9. L’Algérie est classée 111ème avec un score de 2.4. Elle est dépendante des produits de base, selon les classements de 2019.
Le rapport, intitulé « S’échapper du piège de la dépendance aux produits de base grâce à la technologie et à l’innovation », met en évidence la corrélation entre les faibles capacités technologiques et la forte dépendance aux produits de base.
Il prévient que la plupart des 85 pays en développement tributaires des produits de base (PDTPB) le resteront dans un avenir proche, à moins qu’ils ne s’engagent dans « un processus de transformation structurelle axée sur la technologie ».
Le piège des produits de base n’est pas une fatalité
Environ 95 % des pays dépendants des produits de base en 1995 le sont restés en 2018, selon le rapport.
L’analyse du rapport montre que la dépendance aux produits de base est fortement associée à de faibles niveaux de technologie.
Dans un scénario où il n’y aurait pas de changement apporté à la situation actuelle de dépendance, les experts calculent qu’il faudrait 190 ans à un pays dépendant des produits de base moyen pour réduire de moitié la différence entre sa part actuelle de produits de base dans les exportations totales de marchandises et celle du pays non dépendant des produits de base moyen.
Mais certains pays montrent la voie.
Café, bananes et microprocesseurs
En 1965, les produits alimentaires représentaient 83 % des exportations totales de marchandises du Costa Rica. Le café et les bananes représentaient à eux seuls environ 68 %, contre seulement 7 % pour les produits manufacturés.
Quatre décennies plus tard, le panier d’exportation du pays a radicalement changé. La part du secteur alimentaire est tombée à 24 %, et les microprocesseurs électroniques sont devenus le principal produit d’exportation (26 % des exportations totales de marchandises), suivis des pièces et accessoires de machines (15 %).
Selon le rapport, la diversification des exportations de ce pays d’Amérique centrale a été possible grâce à un environnement politique favorable à la technologie, à l’innovation et au développement du capital humain. La diversification a débuté avec la production de biens alimentaires de plus grande valeur, tels que des jus de fruits, puis s’est poursuivie avec la création et le développement de secteurs à haute technologie.
Parmi les autres exemples de réussite, citons la transformation opérée par l’Indonésie, qui est passée de la dépendance pétrolière aux produits transformés, la diversification de la Malaisie, qui est passée du caoutchouc et de l’huile de palme à des produits manufacturés, tels que les pneus et les gants médicaux, et la progression du Botswana dans la chaîne de valeur des diamants.