La levée progressive des subventions aura des conséquences majeures sur tous les plans, économiques et sociaux. Nos habitudes quotidiennes pourraient changer, impactant le business model de plusieurs activités, aujourd’hui fleurissantes.
L’un des objectifs de ces mesures est d’interdire les sandwicheries et les restaurants de bénéficier de ce support injuste provenant de l’argent du contribuable. Bien que la loi les interdit, ils ont historiquement profité des subventions de matières clés, comme le pain, l’huile végétale, la farine, les semoules, le gaz pour ceux qui utilisent les bouteilles, etc. Cela leur a permis de garder les prix à des niveaux encore accessibles à la clientèle ciblée, bien que cela ne soit plus le cas pour les personnes les plus démunies, et de dégager des marges confortables.
De plus, les prix des viandes rouges et blanches devraient significativement augmenter car ceux de l’alimentation animale sont une fonction croissante de ceux des humains. Maintenant, la flambée attendue de toutes ces matières premières pousserait les restaurateurs à repenser tout. Si un sandwich moyen coûte actuellement cinq dinars, il pourrait facilement grimper de deux ou de trois dinars sur les prochaines années. Autrement, les professionnels mettront les clés sous la porte.
Concrètement, cela va changer profondément nos habitudes.
La majorité des fonctionnaires et des cadres des entreprises privées ne pourraient plus se permettre le luxe de déjeuner quotidiennement dans les restaurants. Apporter avec soi la bouffe serait la règle et toucherait une plus grande proportion de personnes.
De leur part, les sociétés devraient penser à s’équiper de coins propres destinés à cette fin. Elles seraient également amenées à revoir la valeur des tickets restaurants pour améliorer le pouvoir d’achat de leurs employés. C’est probablement une nouvelle source de tensions sociales et les entreprises qui ne le faisaient pas devraient penser à l’intégrer dans la structure de leurs rémunérations. L’accès à ces bonus et l’emplacement géographique du travail dans des zones où les prix sont accessibles verront leur poids augmenter dans la décision d’accepter ou non un poste.
Pour les lycéens et les étudiants, cette hausse généralisée des prix risque de compliquer leurs vies, avec les petits budgets dont ils disposent. Étudier dans les meilleures universités situées dans les grandes villes pour ceux issus des zones intérieures serait encore plus difficile. Et même pour les résidents, les conditions se dégraderaient.
Enfin, pour les restaurateurs, il faut se repositionner dès aujourd’hui. Si on vend aujourd’hui des plats à deux chiffres, c’est que les volumes vont drastiquement baisser sur les mois à venir. Il vaut mieux probablement passer à un fastfood lowcost dans un nouvel emplacement où l’effet volume pourrait compenser la perte de marge. Idem pour les salons de thé. Si certains se permettent aujourd’hui d’aller prendre un café à la fin de leur journée, ils sauraient réaffecter leurs ressources et regagner plus tôt leurs foyers ou se réunir dans des espaces ouverts et moins coûteux.
Il faut y penser sérieusement car même les valeurs des fonds de commerce pourraient être fortement touchées. En 2021, les décisions douloureuses concernent tous les opérateurs économiques, État, entreprises et ménages.